Julien Schaller (1807–1871), radical
Il étudie au Collège Saint-Michel, puis fait du droit aux Universités de Freiburg im Breisgau et de Heidelberg. Il décide de se vouer à l’art forestier et l’étudie à Munich, Interlaken, Villingen (Forêt-Noire) et à Aarau auprès de la famille Zschokke. Il passe ses examens d’ingénieur forestier à Fribourg en 1830. Il devient inspecteur général des forêts du canton. Ses talents sylvicoles feront de lui le futur rédacteur, dans un tout autre contexte, du code forestier cantonal de 1850.
De santé délicate, souffrant d’une affection inflammatoire qui le gêne pour marcher, Julien Schaller doit fréquemment recourir à des cures thermales.
Julien Schaller est conseiller communal de Fribourg (1843–1847) et député radical. Il s’oppose violemment au Sonderbund et participe à la tentative de putsch radical de janvier 1847. Arrêté, il s’évade et il s’exile dans le canton de Vaud, où son ami le conseiller d’Etat Druey l’accueille et le protège. Il revient à Fribourg avec les troupes fédérales en novembre 1847.
Il fait partie du Gouvernement provisoire de sept membres qui exerce le pouvoir de novembre 1847 à mars 1848 et il le préside. Il est élu au Conseil d’Etat en 1848 (54 voix sur 62), réélu (45 voix sur 72) en 1855 et il quitte son poste lors du retour au pouvoir des conservateurs en 1857. Il préside le Gouvernement en 1848 et en 1855 ; il décline plusieurs autres élections à la tête de l’exécutif. Il est député de 1848 à 1866.
Au Conseil d’Etat, Schaller dirige d’abord la Direction de l’Instruction publique et des Cultes (1848–1850), puis celle de l’Instruction publique (1850–1855). Il est l’auteur de plusieurs lois et règlements concernant tout le système scolaire qu’il réorganise dans un sens radical et centralisateur (loi sur l’instruction publique en 1848, règlement organique sur les écoles de filles en 1849, règlement pour les écoles primaires en 1850, règlement pour les écoles enfantines, loi sur l’enseignement agricole en 1851, règlement concernant la construction des maisons d’écoles en 1854, arrêté sur les ouvrages du sexe dans les écoles en 1855). Il est l’auteur de la loi du 1er juin 1850 sur l’administration civile des biens du clergé. Schaller passe ensuite à la Direction des Finances (1856–1857), au moment où le canton doit trouver des moyens financiers pour créer une compagnie ferroviaire qui réaliserait une ligne Berne–Fribourg–Lausanne. Schaller et Bielmann vont négocier avec les financiers français Rothschild la convention qui permet les débuts des travaux de la ligne (8 avril 1856). Schaller est conseiller national (1851–1852) et conseiller aux Etats, élu par le Grand Conseil (1850–1851 et 1855–1858). Il défend brillamment les intérêts ferroviaires fribourgeois, en s’appuyant notamment sur le général Dufour. Ses talents lui valent d’être confirmé dans son rôle de conseiller aux Etats (1857–1858) par le Grand Conseil devenu libéral-conservateur!
Schaller, homme à la personnalité impérieuse, est le leader des radicaux intransigeants et anticléricaux qui dominent le Gouvernement de 1848 à 1851. Son influence diminue à partir de cette année face à la faction des radicaux plus modérés dirigés par Léon Pittet. Schaller est un peu l’âme du régime, exécré par les libéraux et les conservateurs qui voient en lui un jacobin. Son oeuvre, quand elle n’est pas trop marquée par le fanatisme idéologique, vise à moderniser le canton, ses écoles et son économie. Schaller est, avec Hubert Charles et Louis Weck-Reynold, une des grandes personnalités fribourgeoises des années 1848–1880.
Schaller poursuit sa carrière en devenant directeur du chemin de fer Berne–Fribourg–Lausanne (1857) puis, au service de l’Etat de Berne, à la tête des chemins de fer de ce canton de de 1857 à 1871. Il s’éteint en 1871, à l’âge de 64 ans.
Extrait de : "Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011"