mardi 1 mai 2001, Regions
Les députés-suppléants, un moyen de renforcer
le
Parlement?
A l'heure où nos députés au Grand Conseil ne sont plus
véritablement des
miliciens, mais pas encore des semi-professionnels de la
politique, nous
devons nous poser la question de savoir ce qui peut être
entrepris pour
améliorer leurs conditions de travail.
Actuellement, un
député consacre environ 50 journées à son mandat
(sessions, préparations,
commissions parlementaires et séances de
groupes), ce qui approximativement
représente une occupation à 20%, sans
compter les nombreuses assemblées au
sein de son parti ou d'autres
associations. Il va sans dire que la députation
n'est pas envisageable pour
tout un chacun. L'Etat est généreux, qui offre à
son personnel enseignant (et
bientôt aux employés d'autres secteurs) quinze
jours de disponibilité pour
siéger. Bien des candidats potentiels doivent
renoncer à leurs aspirations
politiques faute de consensus avec leur
employeur, faute de remplaçant, de
temps ou de moyens. Dans le cadre de la
commission 5 de la Constituante,
qui traite de la réforme du Parlement, la
suppléance nous est apparue
comme une solution à ces problèmes. Nous avons
auditionné Mme
Rose-May Clivaz, députée-suppléante valaisanne, qui nous a
présenté le
système en vigueur dans son canton, système auquel elle ne voit
aucun
désavantage.
L'EXEMPLE DU VALAIS
En Valais lors des élections, les partis
présentent 2 listes distinctes: la liste
des candidats à la députation et la
liste des candidats à la suppléance. Au
soir des élections, ce sont 130
députés et 130 suppléants qui sont élus
selon le mode proportionnel. Tous ces
élus auront les mêmes devoirs;
cependant les suppléants ne pourront remplacer
un député que dans les
commissions spéciales ou dans les séances du Grand
Conseil. Chaque
député pourra se faire remplacer à sa convenance par un
suppléant de son
parti, mais l'Assemblée ne pourra pas compter plus de 130
membres et il n'y
aura que 130 jetons de présence distribués. La vie
politique et l'intérêt pour
la fonction publique s'en trouvent revitalisés,
puisque de plus larges couches
de la population peuvent se présenter comme
suppléants, tout en sachant
que leur charge sera moins conséquente.
... ET CELUI DU JURA
Le canton du Jura connaît également un système
de députés-suppléants. Il
est toutefois fort différent en ce sens que les
partis ne présentent qu'une liste
de candidats lors des élections. Les
viennent-ensuite d'une liste seront de
fait les suppléants et cela au prorata
du nombre des élus de la liste (1
suppléant pour 1-2 élus, 2 pour 3-6 élus, 3
pour 7-10 élus, 4 pour plus de 10
élus). Ces suppléants ont les mêmes droits
et les mêmes obligations que
les députés, mais ne peuvent pas être président,
vice-président ou
scrutateurs. En fait, celui qui accepte de briguer un
mandat ignore quelle
fonction sera la sienne. Ce système avantage surtout la
bonn e marche et la
continuité du travail du Parlement, car en cas de
démission d'un député (à
Fribourg environ 25-30 départs en cours de
législature), son remplaçant est
immédiatement efficace, puisqu'il aura
auparavant assisté aux séances de
groupe et fonctionné comme suppléant.
Au
vu de ces 2 systèmes pourtant fort différents, on peut affirmer
que
l'existence de députés-suppléants est une garantie d'efficacité, car
elle
permet de disposer en permanence de toutes les présences et de
beaucoup
de compétences tant au niveau des commissions que lors des sessions
et
par là même, la capacité de travail du Parlement s'en
trouve
considérablement renforcée. De plus elle offre de la souplesse pour la
vie
professionnelle du député.
L'alternative du député-suppléant est-elle
la meilleure solution pour
améliorer l'efficacité du Grand Conseil
fribourgeois et lui redonner plus de
poids? Quel modèle choisir? Ce sont là
les questions auxquelles nous
aurons à répondre avant de vous soumettre un
avant-projet.
Annelise Meyer-Glauser PRD,Villars-sur-Glâne