mardi 1 mai 2001, Regions
Prêts à poursuivre?
Répondre par «oui» ou par «non» ne vous a pas demandé un
trop gros effort
de concentration, n'est-ce pas? Alors allons un peu plus
loin. Quand il faut
dessiner les premières ébauches de la nouvelle
Constitution, le jeu devient
quelque peu plus complexe. Il est pourtant fort
intéressant de soumettre son
esprit à la torture des doutes et des
interrogations. Où se trouve la réponse?
Quelle est la voie la plus
judicieuse, celle qui convient au plus grand nombre
sans trop de
discrimination? Dans un esprit ouvert à la démocratie que je
défends, au
fédéralisme que j'encourage, à la liberté que je prône, ai-je
répondu
correctement aux questions posées? La Constitution est un texte
qui se fonde
sur les expériences d'aujourd'hui pour élaborer un futur aux
multiples
inconnues: gestion publique, harmonisation politique,
développement
durable... Par conséquent, mes interrogations ont une portée
essentielle pour
le bon fonctionnement des autorités élues. Je dois éviter
pour l'avenir que
le Parlement en place ne passe plus de temps à modifier
son propre mode de
fonctionnement - comme cela semble le cas depuis
bien des années - qu'à gérer
l'Etat.
Reprenons notre raisonnement depuis le début. J'ai une opinion et
j'ai
répondu à la question posée. Maintenant, pour chaque réponse, que ce
soit
«oui» ou que ce soit «non», il faut étayer mon point de vue: quels sont
les
avantages et les inconvénients de mon choix? Est-ce réalisable sur le
plan
politique? Pour illustrer la démarche, prenons un exemple. A la question
de
l'incompatibilité, j'ai répondu «oui». Alors je suppose que je peux
énumérer
les tenants et aboutissants de mon opinion. Je peux donc
aisément
argumenter, en citant les avantages et les inconvénients, ainsi que
les
risques et les conséquences.
Avantages:
- ne pas être au four et au moulin (on ne
peut exécuter et légiférer en même
temps);
- réelle séparation des
pouvoirs;
- accession limitée pour les hauts
fonctionnaires.
Inconvénients:
- atteinte à la liberté des droits
politiques;
- ceux qui connaissent bien les dossiers ne peuvent les
défendre;
- le non-respect de l'égalité des chances.
Risques et
conséquences:
- inégalités de traitement entre deux fonctions semblables;
- le Parlement peut jouer son rôle de contrôle;
- une enquête
parlementaire peut trancher un différend;
- chaque partenaire exécute sa
propre tâche sans usurpation de pouvoir.
A contrario, si mon opinion a penché
pour le «non», je peux donc me livrer à
la même gymnastique de l'esprit.
Avantages:
- ouvert à tous sans exception;
- égalité de
traitement;
- les droits politiques sont
garantis.
Inconvénients:
- le subalterne mène la vie dure à son
supérieur;
- risque de blocage du pouvoir;
- plus de réelle séparation des
pouvoirs.
Risques et conséquences:
- on ne sait plus qui fait quoi,
qui commande;
- l'anarchie des pouvoirs rend certains encore plus
puissants;
- l'administration investit le Parlement.
- on ne peut pas se
sanctionner soi-même...
A la lumière des quelques exemples cités pour
illustrer le casse-tête parfois
de questions bien anodines au premier abord
et dont la réponse ne semblait
pas sorcière, je vous propose de poursuivre la
démarche pour les cinq
questions restantes. Et si vos méninges déjà si
tendues n'explosent pas, je
peux combler vos insomnies avec plein
d'interrogations semblables dans de
prochains articles sur une multitude de
sujets dont la Constituante a fait son
pain bimensuel pour de longs mois
encore. Merci à vous tous d'avoir joué
avec moi, même si ce n'était pas très
marrant, mais simplement instructif! A
bon entendeur, salut!
Christian Seydoux
PS, Posieux