Rémi Brodard (1927-2015), démocrate-chrétien
L’école primaire dans son village natal terminée, Rémi Brodard étudie à Fribourg : interne au Collège Saint-Michel, il y obtient son baccalauréat latin-grec en 1949 ; inscrit à l’Université, il y décroche sa licence en droit en 1953. Il fait son stage d’avocat, couronné du brevet. Le Gruérien pratique le barreau dans la capitale cantonale de 1957 à 1960.
Cette année-là, tournant capital de sa vie, il bifurque vers la magistrature : le Collège électoral (Conseil d’Etat et Tribunal cantonal réunis) le nomme à la fois juge d’instruction et président des Tribunaux de la Glâne et de la Veveyse. Nouvelle orientation encore en 1965 : le Conseil d’Etat le nomme préfet du district de la Glâne.
En 1987, après la fin de son activité gouvernementale, Rémi Brodard, 60 ans, rouvre son étude d’avocat en ville de Fribourg, à laquelle il joint le notariat. En compagnie de son épouse Michèle, née Dousse, il réside aujourd’hui à Villars-sur-Glâne. Le couple a eu trois enfants.
Candidat à 44 ans sur la liste démocrate-chrétienne lors des élections fort disputées au Conseil d’Etat de 1971, il est élu au deuxième tour. Durant deux législatures, soit jusqu’au 31 décembre 1981, il est chargé de la Direction de la Justice, des Communes et des Paroisses, puis dès le 1er janvier 1982 de celle de la Justice, de la Police et des Affaires militaires. Il préside le Conseil d’Etat en 1977 et en 1984, année faste où il a l’honneur de recevoir le pape Jean Paul II en visite en Suisse.
En 1986, il brigue un quatrième mandat : doyen de fonction du Gouvernement, il n’a que 59 ans et se sent « physiquement et psychiquement en forme ». Mais, arrivé en quatrième position sur la liste PDC lors du premier tour de scrutin, il renonce à se présenter au deuxième. En effet, depuis 1981, le « grand vieux parti » pratique la « proportionnelle de fait », selon la formule 3 PDC + 2 PRD + 2 PS.
De 1972 à 1986, les deux Directions placées successivement sous l’autorité de Rémi Brodard élaborent trente-sept projets de lois d’importance diverse. Cette fructueuse activité est marquée de trois échecs. Le 24 mai 1974, l’importante loi de 1973 sur les fusions obligatoires de communes est rejetée par le peuple. Ce dernier ne lui en tient pas rigueur : en 1976, il est seul élu au premier tour et, en 1981, il sort en tête au deuxième. Au demeurant, onze décrets de fusion de communes sont pris de 1972 à 1986.
Si sa seconde législature (1976–1981) est un « sans-faute », la troisième et dernière (1981–1986) est marquée par un double revers. Le 26 février 1984, le peuple rejette la loi de 1983 sur les armes et les munitions, combattue par le puissant lobby des tireurs. Le 28 septembre 1986, il repousse la loi de 1985 concernant les rapports entre les Eglises et l’Etat, contestée par divers milieux aussi bien ecclésiastiques que laïcs.
On retient, dans l’activité du conseiller d’Etat, une loi sur le Recueil systématique de la législation fribourgeoise (1984). A mentionner aussi, dans l’ordre chronologique, les lois suivantes : la juridiction pénale des mineurs (1973), la profession d’avocat (1977), les communes (1980), l’expropriation (1984), l’état civil (1986), le contrôle des habitants (1986), la responsabilité civile des collectivités publiques et de leurs agents (1986), enfin l’épuration de la législation fribourgeoise, aux termes de laquelle quelque 800 lois devenues obsolètes sont abrogées (1986).
Sont également menées à bien les transformations du pénitencier de Bellechasse, ainsi que la construction d’une vaste annexe (ateliers). Rémi Brodard entend, selon ses propres termes : « développer les liens de confiance entre la police et la population ».
Enfin, sur le plan administratif, Rémi Brodard préside – tâche accaparante – trois commissions : celle des sanctions de la Centrale cantonale d’économie laitière, celle d’arbitrage en matière d’améliorations foncières et celle d’arbitrage en matière de remaniements parcellaires urbains.
Il a rempli, en accord avec ses convictions religieuses et sociales, plusieurs mandats, telle la présidence de l’Association des amis de la Fille-Dieu, à laquelle on doit l’important soutien financier à la restauration de l’église abbatiale en son état originel. A témoin également la présidence, de 2000 à 2010, du Conseil de fondation de la Villa Beausite, home pour personnes âgées.
Il décède le 3 janvier 2015.
Extrait de : "Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011"