En 2019, la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) et la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF) ont décidé de renforcer le dispositif d’accompagnement des exploitations agricoles en difficulté qui existe depuis 1999. Un réseau de sentinelles et de mentor-e-s a été instauré, tandis que l’annonce des situations de détresse a été facilitée. Ce dispositif est nécessaire pour soutenir un certain nombre d’agriculteurs et agricultrices soumis-e-s à des pressions toujours plus grandes : mutation structurelle profonde de l’agriculture, attentes toujours plus grandes de la société, des marchés et de la politique fédérale et internationale, aléas climatiques, épizooties. Ces éléments génèrent beaucoup de tensions qui viennent parfois s’ajouter à celles que peut connaître tout individu à titre personnel, familial ou communautaire. A cela s’ajoute un certain isolement que vivent de nombreux agriculteurs qui travaillent et vivent de plus en plus seuls sur leur exploitation.
La Cellule d’accompagnement des exploitations agricoles en difficulté (Cellule AED) comprend des représentant-e-s du Service de l’action sociale, du Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, du Service de l’agriculture et de Grangeneuve. La Cellule AED, dont le secrétariat est à Grangeneuve, a été renforcée par un réseau de sentinelles afin d’améliorer la détection précoce de situations difficiles et de venir en aide le plus tôt possible aux agriculteurs.
Les sentinelles sont des personnes en contact régulier avec le monde agricole. Il peut s’agir d’un vétérinaire, d’un-e contrôleur ou contrôleuse laitier-ère, d’un-e conseiller-ère agricole, d’un-e comptable, d’un-e commercial-e, soit de toute autre personne en contact direct avec les agriculteurs. Leur tâche est d’informer les gens en difficulté de l’existence de la Cellule AED et d’y annoncer les situations sensibles, avec l’accord de la personne concernée.
Malgré la pandémie, quatre sessions de formation ont été mises sur pied en 2020 regroupant 64 participant-e-s. Cette année, cinq sessions sont prévues pour former 90 personnes. La Cellule AED aura ainsi formé et sensibilisé plus de 150 personnes en contact régulier avec des familles paysannes sur la question du risque de suicide. Ces formations, financées conjointement par la DSAS et la DIAF, sont données par des professionnel-le-s du Réseau fribourgeois de santé mentale et du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Afin d’avoir recours à des aides extérieures pour assurer le suivi des plans de mesures et d’accompagnement, la Cellule AED a mis sur pied il y a deux ans un réseau de mentors. Plus de 20 personnes se sont annoncées spontanément et peuvent être appelées en fonction des situations annoncées. Cinq d’entre eux, formés et rémunérés, apportent actuellement un suivi personnalisé pour huit situations : écoute, motivation, planification et organisation des tâches, accompagnement technique, … Ces personnes ont une fibre humaine et sociale marquée, une bonne connaissance du milieu agricole ainsi qu’un large réseau et également du temps à disposition.
Depuis l’année dernière, la Cellule AED dispose d’un budget de 60’000 francs. En 2017, il était de 15’000 francs.