Le Musée d’art et d’histoire Fribourg collectionne principalement des œuvres d’art et des objets historiques en provenance du canton de ce nom, ou en rapport avec lui. Cette collection foncièrement autochtone renferme cependant quelques ensembles de valeur internationale : des boucles de ceinture du haut Moyen Age, le sépulcre pascal du couvent de la Maigrauge, les panneaux de retables peints de Hans Fries, la statuaire du gothique tardif, les tableaux et sculptures de Marcello et de ses amis (XIXe siècle), ou encore les œuvres des plasticiens Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle.
Les origines du Musée de Fribourg sont bien plus anciennes que celles des nombreuses institutions de ce type fondées en Suisse autour de 1900. C’est en 1774 que le conseiller secret Tobie Gerfer, en léguant sa collection de médailles à la bibliothèque du collège des Jésuites, créa la première collection publique de la cité. Le musée proprement dit fut installé dans le même collège en 1823, sous la forme d’un cabinet de physique et de sciences naturelles que l’érudit chanoine Charles-Aloyse Fontaine enrichit d’une partie de sa propre collection et de sa bibliothèque, cependant qu’un cabinet de numismatique résultait de dons du pape Léon XII et du roi de France Charles X. Le collège s’agrandit en 1838 d’un nouveau bâtiment, le Lycée, où furent aussitôt transférés, avec tous ces objets, des antiques et des pièces relevant des arts et traditions populaires : la collection devenait encyclopédique. Elle fut amoindrie en 1848 par les troupes bernoises qui pillèrent la ville (guerre du Sonderbund), et divisée l’année suivante en deux départements : histoire naturelle d’un côté, art et histoire de l’autre. En 1873 le gouvernement cantonal décida d’enrichir la collection de peinture avec le soutien de la Société fribourgeoise des Amis des Beaux-Arts. Des œuvres importantes se trouvaient alors dans le couvent sécularisé de Hauterive et au collège ci-devant jésuite. Un conservateur de la collection d’archéologie et du département des beaux-arts fut nommé en 1875 : Louis Grangier, un professeur de lettres et chercheur qui s’était fortement investi dans l’histoire locale. Il publia un catalogue des peintures. Max de Techtermann, qui lui succéda de 1899 à 1907, collectionna pour le Musée de nombreuses sculptures médiévales. Un demi-siècle plus tard, le conservateur et historien de l’art Marcel Strub s’attacha à l’étude de la plastique fribourgeoise du gothique tardif, un des fleurons de la collection, qui fait actuellement l’objet de nouvelles recherches systématiques.
Au fil du temps, le Musée s’est enrichi de plusieurs donations. En 1872, le comte Oswald Szymanovski offrit une riche collection d’armes de guerre et de chasse. En 1881 arrivèrent des œuvres de feu la duchesse Castiglione Colonna, née Adèle d’Affry, connue comme peintre et sculptrice sous le nom de Marcello ; selon le testament de la donatrice, elles furent installées dans un espace particulier, le «Musée Marcello». En 1917 enfin, la comtesse lorraine de Saulxures fit don au canton de sa collection de mobilier et d’artisanat, sous condition de l’exposer à l’hôtel Ratzé. Le Musée, dès lors transféré dans cet immeuble, y ouvrit ses portes en 1922. Depuis ce temps-là, les points forts de sa collection ont été développés et popularisés au gré d’acquisitions nouvelles, mais aussi d’expositions particulières. Des achats réguliers garantissent la présence de la création fribourgeoise contemporaine. Depuis les années 1980, en outre, le jardin abrite un nouveau volet de la collection ; la « Grande Lune » de Niki de Saint Phalle y côtoie les sculptures sur métal d’artistes suisses comme Bernard Luginbühl ou Oscar Wiggli
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