En guise de Dossier, et conformément à l'engagement pris lors de la parution, ce printemps, de la monographie sur la nécropole de Sus Fey à Gumefens, ce sont, en français, les résultats des minutieuses recherches menées sur ce cimetière comptant pas moins de 400 inhumations qui sont présentés. Cette analyse amène en effet des connaissances significatives sur le rituel funéraire, de même que sur le dépôt de mobilier, attesté uniquement entre le VIe et la fin du VIIIe siècle par quelques offrandes et accessoires vestimentaires. La longue occupation du site, qui a toujours servi de cimetière, a en outre pu être documentée jusqu'au XIIe siècle. Grâce aux ossements qu'ils nous ont laissés, les habitants de la petite communauté humaine des environs de Gumulfingos qui enterrait ses morts sur la butte de Sus Fey nous apprennent, par exemple, qu'ils se nourrissaient principalement de céréales et de produits laitiers, habitudes alimentaires qui permettent à l'auteure de tirer quelques conclusions d'ordre socio-économique à l'époque de la transition entre petits villages ruraux et premiers bourgs médiévaux.
Encore une lame de hache à douille du Bronze final, direz-vous? Celle mise au jour fortuitement à Cugy constitue en fait une découverte rare pour laquelle, à l'inverse des trois autres présentes dans les collections fribourgeoises, la provenance est irréfutable! Si vous pensiez tout connaître du site de Vallon/Sur Dompierre qu'occupèrent les Gallo-romains, détrompez-vous: les 18 fragments de cuir récemment retrouvés dans un chenal qui ont été étudiés par les calcéologues de Gentle Craft constituent en fait des chutes de savaterie appartenant à deux types de chaussures du milieu du XIIIe siècle. La troisième Etude de ces Cahiers nous ramène vers l'an 1000, avec une pirogue en sapin découverte à l'est de la pointe de Greng à l'occasion d'une prospection aérienne en dirigeable visant à documenter les habitats préhistoriques immergés le long de la rive sud du lac de Morat et inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. A la différence de la plupart des embarcations médiévales répertoriées dans la région des Trois Lacs, la pirogue a été façonnée par évidage d'un tronc (pirogue monoxyle), comme on le faisait avant l'époque romaine. Découverte grâce à l'œil aiguisé du pilote de dirigeable Fabien Droz, l'esquif est présenté par les deux responsables de l'intervention subaquatique, tandis que l'archéologue neuchâtelois Béat Arnold, spécialiste de la technologie navale, s'attache à situer la pirogue fribourgeoise dans le contexte régional et européen.
La rubrique "Actualités et activités" vous permettra de découvrir un nouvel abri naturel à Montagny-la-Ville/La Chetta qui, à l'occasion d'un relevé topographique et de sondages, a livré un foyer associé à une couche archéologique remontant au Mésolithique. Daté entre 7530 et 7250 av. J.-C., il est interprété comme une halte de chasse. Les dépendances de la villa romaine de Combette, à Morat, dont la partie résidentielle avait été présentée en 2010, font l'objet d'un petit article de la même auteure, qui met en évidence la longue occupation, entre âge du Bronze et Moyen Age, de cette terrasse dominant Morat. Dans une autre contribution, ce sont les différents aspects du projet de valorisation des enduits peints du jubé de l'église des Cordeliers de Fribourg, débuté en été 2013, qui sont exposés par les membres du groupe de travail interdisciplinaire; huit scènes de cet ensemble pictural attribué à Hans Fries rejoindront en été 2016 le cloître du complexe conventuel. Le Musée romain de Vallon présente quant à lui quelques aspects de l'exposition temporaire "Veni, vidi, ludique. Les jeux sont faits!" que vous pouvez toujours admirer au Musée romain de Vallon.
La dernière partie de ces Cahiers vous permettra enfin de prendre connaissance des principales interventions de terrain qui se sont déroulées l'année dernière dans tout le canton.
Cahiers d'Archéologie Fribourgeoise 17, 2015
Le Service archéologique a le plaisir de vous présenter le dix-septième numéro de ses Cahiers d'archéologie fribourgeoise, en cette année 2015 à partir de laquelle la prospection à l'aide de détecteurs à métaux est soumise à autorisation sur tout le territoire cantonal. La découverte d'une lame de hache à douille de l'âge du Bronze illustre la fructueuse collaboration entamée entre prospecteurs amateurs et archéologues. Richement illustré, ce volume propose par ailleurs un choix des diverses facettes des activités entre fouilles et valorisation du patrimoine.
Publié le 17 Décembre 2015 - 21h30
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Publié par Service archéologique
Dernière modification : 17.12.2015 - 21h30