Fabriquées par l’industrie depuis des décennies, les substances per- et polyfluoroalkylées
(PFAS) forment un groupe de produits chimiques difficilement dégradables. Parmi elles, on
peut citer les PFOS (acide perfluorooctane sulfonique et ses sels) et les PFOA (acide
perfluorooctanoïque et ses sels), deux composés entièrement fluorés. En raison de leurs
propriétés techniques, ces deux substances ont été utilisées pendant de nombreuses
années dans divers processus et produits industriels, notamment dans les textiles, les
appareils électroniques, les enduits pour le papier, les peintures, les mousses anti-incendie
et les farts. Elles se distinguent par leur stabilité biologique, chimique et thermique ainsi que
par leurs propriétés hydrofuges et antigraisse. Bien que l’UE ait entre-temps largement
interdit l’utilisation des PFOS et des PFOA afin de réduire les risques potentiels pour la santé
et l’environnement, ces substances sont toujours décelées dans l’environnement, la chaîne
alimentaire et le corps humain.
Les PFAS s’accumulent notamment dans les aliments d’origine animale et l’eau potable. Des
valeurs maximales pour certaines PFAS, tels les PFOS et les PFOA, ont déjà été définies
dans l’ordonnance sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche
accessibles au public (OPBD). L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires
vétérinaires (OSAV) prévoit par ailleurs de reprendre la valeur maximale applicable à la
« somme PFAS » introduite dans la directive de l’UE sur l’eau potable 2020/2184. Englobant
20 PFAS considérées comme préoccupantes pour l’eau destinée à la consommation
humaine, cette valeur maximale cumulée a été fixée à 0,1 μg/l.
Des analyses menées par les laboratoires cantonaux ces trois dernières années ont révélé
que, en Suisse, l’eau potable pouvait contenir des PFAS. L’Association des chimistes
cantonaux de Suisse (ACCS) a réalisé en 2023 une évaluation complète sur la présence de
PFAS dans l’eau potable en Suisse. Ses objectifs ? Se faire une idée de la situation à
l’échelle nationale et pouvoir, si nécessaire, prendre des mesures avant même l’introduction
de valeurs maximales plus strictes.
Campagne 2023 de l’ACCS sur l’eau potable : résultats
Cinq laboratoires cantonaux ont analysé 564 échantillons d’eau potable prélevés dans toute
la Suisse et dans la Principauté de Liechtenstein. Ces prélèvements couvraient
l’approvisionnement en eau potable d’environ 70 % de la population suisse.
Les analyses n’ont décelé aucun résidu de PFAS dans 306 échantillons (54 %). Tous les
échantillons étaient conformes aux valeurs maximales qui figurent dans l’OPBD. Seuls cinq
échantillons sur 564 (0,9 %) dépassaient la valeur maximale européenne (directive sur l’eau
potable 2020/2184) pour la « somme PFAS » (0,1 μg/l), qui n’est à l’heure actuelle pas
contraignante en Suisse. À noter que des voies d’apport ponctuelles de PFAS, comme les
terrains d’entraînement à la lutte contre le feu, peuvent souvent expliquer une légère
augmentation des teneurs mesurées.
Les résultats indiquent que l’eau potable issue des eaux souterraines présente des valeurs
de PFAS légèrement plus élevées que celle provenant des eaux de surface. Le bilan de
cette campagne est comparable aux chiffres obtenus par l’Office fédéral de l’environnement
(OFEV) dans ses analyses des eaux souterraines.
Et ensuite ?
Les laboratoires cantonaux compétents ont informé les distributeurs d’eau des résultats. Ils
ont recommandé aux cinq distributeurs d’eau potable concernés par une teneur en PFAS
supérieure au futur plafond « somme PFAS » de 0,1 μg/l d’en avertir les consommateurs.
Étant donné que la Confédération devrait reprendre les valeurs maximales plus strictes de
l’UE, les distributeurs d’eau seront dans l’obligation de déterminer quelles mesures leur
permettront de respecter la nouvelle valeur maximale cumulée.
Si la campagne s’est soldée par un constat réjouissant en ce qui concerne les résidus
présents dans l’eau potable en Suisse, l’ACCS estime cependant que des substances
difficilement dégradables ne devraient pas se retrouver dans l’environnement, et encore
moins dans l’eau potable. Ce n'est qu'en protégeant consciencieusement les ressources en
eau potable que l'on peut éviter des processus de traitement de l'eau complexes et coûteux.
Les distributeurs d’eau potable et l’ACCS maintiendront un suivi régulier de l’évolution des
teneurs en PFAS de l’eau de nos robinets.
Pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à vous adresser à :
Pour la Suisse alémanique : Peter Brodmann, chimiste cantonal BL, tél. +41 (0)61 552 20 07
Pour la Suisse romande : Patrick Edder, chimiste cantonal GE, tél +41 (0)22 546 56 00
Pour la Suisse italienne : Nicola Forrer, chimiste cantonal TI, tél. +41 (0)91 814 61 14