Pensé pour lutter contre le chômage de longue durée et inédit lors de son lancement en 2013, Pôle Insertion+ (PI+) a fait, en une décennie, la preuve de son efficacité. Près de la moitié des 3000 personnes qui ont intégré le dispositif en sont sorties avec une solution, le plus souvent un emploi.
Les bénéficiaires sont des personnes en fin de droit au chômage qui bénéficient ou ont bénéficié de l’aide sociale. Souvent, elles cumulent des difficultés à la fois sociales, financières et de santé qui complexifient leur retour sur le marché de l’emploi. Pour éviter un enlisement dans une situation de chômage de longue durée ou un recours prolongé à l’aide sociale, elles sont adressées au PI+ par l’Office régional de placement (ORP) ou le Service social régional (SSR).
50% des bénéficiaires sortent du PI+ avec une solution
En principe, pendant neuf mois au maximum, les bénéficiaires profitent d’un coaching intensif dispensé par un tandem formé d’un assistant ou d’une assistante social-e et d’un conseiller ou d’une conseillère en personnel. Le canton compte trois tandems, présents dans chacun des ORP fribourgeois (à Fribourg, Bulle et Morat). Chaque duo suit en permanence une septantaine de dossiers. La conjonction des compétences de ces professionnel-le-s permet une prise en charge transversale et personnalisée des besoins de chaque bénéficiaire. A ce suivi s’ajoute l’utilisation coordonnée de mesures d’insertion sociale (MIS) et de mesures d’insertion professionnelle (contrats LEMT) afin de développer les compétences des bénéficiaires et leur employabilité. Résultat : près de la moitié d’entre eux trouvent une solution, le plus souvent un emploi (dans 80% des cas). Les autres sont dirigés vers un autre dispositif - celui de l’assurance-invalidité par exemple - ou entament une formation.
Les personnes qui sortent du dispositif PI+ sans solution se voient proposer selon leurs besoins un suivi traditionnel, soit par l’ORP, soit par le SSR ou par les deux dispositifs en même temps. En cas d’évolution de leur situation, un retour au PI+ est toujours possible.
Lutter contre le chômage de longue durée
Le PI+ est né en 2013 de la collaboration entre le Service public de l’emploi de la DEEF et le Service de l’action sociale de la DSAS. Le dispositif devait apporter une réponse à l’augmentation du nombre de chômeurs et chômeuses en fin de droit et prévenir l’exclusion sociale. Il a fait l’objet en 2018 d’une évaluation par la Haute école de travail social de Fribourg qui avait déjà démontré son efficience via une détection précoce et un profilage ciblé des bénéficiaires. Le PI+ a régulièrement été cité comme projet innovant en matière de lutte contre le chômage de longue durée, notamment par le SECO, et dernièrement lors des journées nationales de la Collaboration interinstitutionnelle qui se sont déroulées à Morat en octobre 2022.
Daniel Friedli : un exemple de réinsertion réussie
En 2019, Daniel Friedli perd son emploi après 32 ans de bons et loyaux services à la Poste. Ce quinquagénaire domicilié à Bulle peine à retrouver un travail et voit avec inquiétude ses indemnités de chômage s’épuiser petit à petit. Arrivé en fin de droit, son conseiller en personnel de l’ORP l’adresse au Pôle Insertion+. Nous sommes en septembre 2021, à cette période, la pandémie de COVID-19 sévit encore et impacte fortement l’économie, avec pour conséquence un taux de chômage particulièrement haut. Le moral de Daniel est, quant à lui, au plus bas.
Dès le début du coaching intensif, son tandem se lance avec lui dans une analyse poussée de sa situation. Ils décident de miser sur ses points forts - soit ses compétences en administration et en comptabilité - pour orienter de manière ciblée ses recherches d’emploi. Mais Daniel n’a pas rédigé de postulation depuis longtemps, il a besoin d’affuter ses techniques de recherche et reçoit un appui précieux de la part du tandem pour corriger ses lacunes en la matière.
En mai 2022, il décroche avec l’aide du PI+ un contrat LEMT de trois mois (financé par le Fonds cantonal de l’emploi) auprès du Service de la justice de l’Etat de Fribourg, en tant qu’employé d’administration. Ses compétences et sa rigueur au travail sont appréciés par ses collègues et sa supérieure hiérarchique. Pendant cette période, il est assermenté afin de pouvoir assumer les tâches d’un huissier de justice. Daniel se sent à nouveau utile. Mais tout n’est pas gagné : son Service ne dispose pas du budget nécessaire pour l’embaucher. Son contrat LEMT est alors prolongé de trois mois, ce qui lui permet de rester en activité et de « ne pas reprendre les ruminations à la maison ». Ce pari a été le bon ! Pendant cette période, des budgets sont débloqués et permettent à Daniel d’être engagé en contrat de durée indéterminé depuis le 1er janvier 2023.