Bernard Weck (1890–1950), conservateur
Après avoir étudié au Collège Saint-Michel, Bernard Weck obtient une licence en droit à l’Université de Fribourg (1912), qu’il complète par un semestre d’études à Munich. Membre de la Nuithonia, de la Société des étudiants suisses (1910–1915) et président de la Sarinia (1911–1912), son engagement dans les sociétés estudiantines trouvera plus tard son prolongement dans ces mêmes milieux conservateurs et catholiques par sa vice-présidence du parti conservateur fribourgeois et, au niveau national, de l’Association populaire catholique suisse (il en est également le président romand).
Se destinant à la profession d’avocat, il entreprend un stage dans une étude avant d’abandonner cette voie pour accepter le poste de greffier du Tribunal cantonal (1915). Sa carrière se précipite alors, puisqu’il est nommé procureur général du canton (1916), puis préfet du district de la Sarine (1918). Il est élu au Conseil d’Etat le 23 décembre 1919, à l’âge de 29 ans, dernier conseiller d’Etat à être nommé par le législatif. Dès l’introduction du scrutin populaire majoritaire en 1921, il franchira cinq fois le cap des élections pour demeurer vingt-sept ans à l’exécutif cantonal et en exercer à quatre reprises la présidence (1924, 1930, 1937, 1943). Bernard Weck siège également au Conseil des Etats de 1925 à 1950, présidant cette institution en 1938, après avoir été désigné à l’unanimité par ses collègues. Il préside la commission des douanes et, durant la guerre, la commission des pleins pouvoirs.
Au Conseil d’Etat fribourgeois, Bernard Weck tient successivement trois portefeuilles, en débutant par la Direction de la Police, de la Santé publique et du Commerce (1919–1926). Il instaure un corps de police de sûreté (1920). Passant à la Direction de la Justice, des Cultes, des Communes et Paroisses (1927–1936), il fait aboutir une loi sur l’assistance judiciaire (1933), ainsi que diverses dispositions législatives ou réglementaires d’application du droit fédéral.
Dès la fin de l’année 1936 et pour une décennie, Bernard Weck prend la tête de la Direction des Travaux publics (1936–1946). Sa tâche première est de poursuivre le programme de réfection (goudronnage) des routes initié par Victor Buchs et de doter ainsi le canton d’un réseau moderne. Lorsque ce programme est bloqué par le manque de matériaux et les mobilisations durant la Seconde Guerre mondiale et que se pose la question des futures routes nationales, Bernard Weck lutte avec ténacité pour imposer un tracé assurant la desserte de Fribourg et évitant ainsi son isolement. En matière de transports ferroviaires, il entend bénéficier des subsides fédéraux pour assainir le réseau, ce qui passe par la fusion en 1942 des principales entreprises de chemins de fer (Fribourg–Morat–Anet, Chemins de fer électriques de la Gruyère, Bulle–Romont) pour fonder la Compagnie des Chemins de fer fribourgeois (GFM). Dans le dossier de la production hydro-électrique, il reprend et suit le projet du barrage de Rossens jusqu’à son acceptation par le Grand Conseil (1943) et aux premiers travaux.
Sous la pression des jeunes conservateurs, Bernard Weck renonce à se porter une nouvelle fois candidat lors des élections mouvementées de 1946. Réélu toutefois au Conseil des Etats en 1947, il poursuit ses fonctions au niveau fédéral jusqu’à ce que l’épuisement causé par une longue maladie ne le contraigne à démissionner en 1950. Il décède quelques semaines après son retrait politique, le 5 mai de cette même année.
Extrait de : "Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011"