Erwin Jutzet (1951), socialiste
Il fréquente l’Ecole primaire de Schmitten et ensuite l’Ecole secondaire de Tavel. Il obtient un baccalauréat A(latin-grec) à Immensee (canton de Schwytz). Licencié en droit en 1975, il accomplit un stage à l’étude de Mes Hank et Studer à Morat, puis est juriste au Département des communes et paroisses. Il décroche un brevet d’avocat en 1979. Il est greffier au Tribunal du district du Lac. Il fut vice-président du Tribunal des prud’hommes et préposé au Registre du commerce, puis devient greffier au Tribunal fédéral en 1981 (d’abord à la Cour de droit public,
puis à la Cour de droit civil). Il ouvre une étude à Fribourg en 1984.
Erwin Jutzet est battu au 3e tour, en 1985, par Me Pierre Corboz (62 voix contre 56) lors de sa tentative d’élection au Tribunal cantonal. Cet échec déclenche le processus de lancement d’une initiative pour l’élection des juges par le peuple, qui est repoussée en 1989. Il est élu juge suppléant au Tribunal fédéral.
Candidat malheureux à la Préfecture de la Singine en 1981, Erwin Jutzet est élu député de ce district au Grand Conseil cette même année et y siège jusqu’en 1995. Il intervient avec succès pour placer l’allemand et le français au même plan dans la Constitution cantonale. Cette motion conduit à la révision de l’article 21 de la Constitution concernant les langues (1990). Il préside le groupe socialiste du Parlement cantonal de 1988 à 1994, puis le Grand Conseil en 1995.
Erwin Jutzet est élu au Conseil national en 1995 et y siège jusqu’en mars 2007. Il y préside la Commission de politique extérieure (CPE), la délégation au Comité parlementaire AELE/Parlement européen ainsi que la Commission chargée de préparer l’élection des juges fédéraux. Il est également membre de la Commission des affaires juridiques. Manifestant un vif intérêt pour l’Afrique, il préside une délégation de la CPE au Mozambique et effectue des voyages dans la région des Grands Lacs.
C’est sans succès qu’il est candidat au Conseil d’Etat en 1991. Il prend sa revanche en 2006 et il est placé à la tête de la Direction de la Sécurité et de la Justice. Il est membre du Conseil supérieur de la magistrature. Il préside depuis 2008 la Commission de droit pénal de la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police. Il est président du Conseil d’Etat en 2011.
Erwin Jutzet engage d’importantes réformes qui ont leur concrétisation sur le plan législatif. Il défend ainsi le projet de police de proximité et une loi sur la vidéosurveillance. Il parvient à faire accepter par le Grand Conseil l’installation du Tribunal cantonal dans l’ancien couvent des Augustins. Les juges s’étaient prononcés contre ce transfert. Un nouveau bâtiment pour la police est envisagé. Il défend également avec succès la loi sur l’harmonisation des registres et la loi sur la protection de la population. Une loi sur la police du feu comportant une réorganisation des corps de pompiers et une loi d’application du Code civil sont adoptées. Erwin Jutzet fait aboutir une nouvelle loi sur la justice qui regroupe divers textes et les modernise, afin qu’elle soit en conformité avec la nouvelle procédure fédérale. Il a présenté un nouveau projet de loi sur l’intégration des migrants et la prévention du racisme. Une loi sur la coopération au développement est votée. Une loi sur la prostitution est également adoptée. Il signe avec le canton de Berne un accord sur la surveillance des fondations LPP (loi sur la prévoyance professionnelle).
Il a été président de la Commission cantonale de l’assurance-invalidité et de la Fondation des « Buissonnets ». Il fut aussi président des Ligues de santé suisses. Erwin Jutzet fut membre fondateur de l’Asloca pour la partie alémanique du canton.
Il est réélu au Conseil d’Etat lors des élections de 2011. Il quitte le Conseil d'Etat le 31 décembre 2016.
Extrait de : "Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011"