Nouveau président du Conseil d'État, Jean-François Steiert souligne que plus de 400 personnes ont perdu la vie jusqu'à présent dans le canton en lien avec la pandémie de Covid-19. Il a ensuite rappelé que la crise a commencé avec le premier cas dans le canton de Fribourg il y a moins d'un an. Et si aujourd’hui, elle fait partie de la vie quotidienne, le Conseil d’Etat remercie les habitants du canton pour leur patience et leur force. Car malgré la lueur d'espoir que suscite la campagne de vaccination, il serait erroné de croire que cette crise disparaîtra aussi vite qu'elle est arrivée.
Mesures économiques
Le Conseil fédéral a annoncé le 13 janvier dernier de nouvelles mesures de restrictions difficiles et, dans le même temps, un assouplissement des critères pour les cas de rigueur comme le canton de Fribourg le demandait avec force. Ces annonces nécessitent une adaptation partielle de notre dispositif d’aides actuel. Aujourd’hui, trois mesures cantonales principales s’adressent aux établissements fortement impactés ou contraints à la fermeture durant la crise. Il s’agit de la mesure pour les cas de rigueur (OMECR), de la mesure sectorielle de soutien aux restaurants, bars et discothèques (OPCR-Gastro), et de la mesure d’aide basée sur les loyers et les intérêts hypothécaire (OMAF), destinée aux établissements contraints à la fermeture en octobre et novembre 2020.
Dans les prochains jours, ces mesures seront fusionnées pour aboutir à une seule et unique mesure pour les cas de rigueur, avec toutefois une procédure standard d’un côté, et une procédure allégée de l’autre. La procédure standard sera destinée aux cas de rigueur « ordinaires », à savoir les entreprises ayant subi une baisse de chiffre d’affaires de 40% au moins durant les 12 derniers mois précédant la demande. Cette procédure s’inscrit dans une logique d’aide cantonale, pour les entreprises durablement impactées. La procédure allégée est destinée aux entreprises ayant dû fermer durant plus de 40 jours civils / entre le 1er novembre 2020 et le 30 juin 2021. Cette procédure s’inscrit cette fois dans une logique d’indemnisation des pertes subies.
Les dispositions relatives à ces deux procédures seront réglées dans un seul et même acte législatif.
Les critères d’attribution de ces aides et indemnités sont actuellement en cours d’élaboration et ces nouvelles procédures seront opérationnelles au début février.
Sur le plan financier, une enveloppe globale de 54 millions de francs est d’ores et déjà disponible, entre la contribution cantonale de 15 millions et le complément de la Confédération. Cette enveloppe pourrait même grimper à 77 millions de francs si la Confédération alloue la 4e tranche selon la même clé de répartition. Le canton est d’ailleurs prêt à augmenter sa contribution au-delà des 15 millions déjà engagés pour cette mesure en fonction de l’évolution de la situation.
Toutes les informations sur les modifications apportées seront mises à jour sur la page dédiée du site de la Promotion économique sur ce lien : https://www.promfr.ch/covid-19/
Finances de l’Etat
Les décisions prises par le Conseil d’Etat afin d’atténuer les effets de la crise engendreront des coûts très importants estimés pour l’heure à 220 millions de francs. A ce jour, 40,4 millions de francs ont déjà été versés dans le cadre des mesures en faveur de l’économie et des salariés. Cette somme se compose de la manière suivante :
- 1er paquet de mesures d’aide à l’économie : estimation à 35,6 millions de francs, dont 20,8 millions versés à ce jour ;
- 2e paquet de mesures d’aide à l’économie : estimation à 9,6 millions de francs, dont 7,6 millions versés à ce jour ;
- autres mesures cantonales en faveur de l’économie (y compris le plan de relance) : estimation à hauteur de116,6 millions de francs, dont12 millions versés à ce jour.
D’autre part, 56,3 millions de francs ont déjà été versés dans le cadre des mesures sanitaires. Cette somme se compose de la manière suivante :
- organe de conduite et mesures sanitaires :18,3 millions de francs versés à ce jour ; des engagements sont là aussi déjà pris afin de couvrir les coûts liés à la logistique nécessaire au déploiement de la vaccination à large échelle ;
- coûts complémentaires du HFR liés au Covid-19 : un premier acompte de 28 millions de francs a été versé à ce jour. Des montants importants seront engagés en 2021, dont l’estimation demeure difficile ;
- divers impacts sur les dépenses ordinaires de l’Etat (surcoûts dans les EMS, mesures particulières dans les prisons, adaptation de certaines infrastructures pour le fonctionnement de la justice, etc.) estimés à 10 millions de francs.
Au total, ce sont donc près de 100 millions de francs qui ont d’ores et déjà été versés par l’Etat. Ne sont pas encore compris dans ces chiffres le soutien indispensable qu’il conviendra d’apporter aux entreprises de transports publics, fortement impactées elles aussi par la crise. Concernant les mesures fédérales visant à soutenir l’économie cantonale, elles se montent actuellement à quelque 900 millions de francs.
En incluant les autres impacts attendus (rentrées fiscales en moins, coûts supplémentaires dans les domaines de la santé et du social, transports publics, fonctionnement de l’Etat), la somme globale estimée pour l’Etat s’élève à ce jour à quelque 548 millions de francs.
Processus de vaccination
La Task Force sanitaire met depuis plusieurs mois un focus sur le traçage des contacts ainsi que sur les institutions à risque, notamment EMS. En effet, les nouveaux variants rendent le travail de traçage plus complexe et demandent des efforts particuliers en matière de recherches de contacts étroits et des enquêtes d’entourage. Avec l’arrivée de ces nouveaux variants, la prudence reste de mise. Les mesures prises ont toutefois permis de stabiliser les chiffres des contaminations, même si c’est à un niveau élevé.
Un important travail a également été fourni pour assurer la vaccination de la population fribourgeoise, exigeant une agilité du système mis en place en raison des incertitudes liées aux livraisons des vaccins. Plus de 6100 personnes ont déjà reçu une première dose de vaccin, près de 4000 personnes ont des rendez-vous agendés dans les centres. A l’instar de certains autres cantons, Fribourg a joué dès le départ la prudence en réservant la 2ème dose de vaccin pour les personnes qui ont déjà reçu une première dose, ceci afin d’anticiper des éventuels problèmes de livraison qui se vérifient aujourd’hui. Ainsi la planification fribourgeoise prévoit l’utilisation de toutes les doses obtenues par la Confédération.
La vaccination avec les 2 doses dans les EMS sera terminée à fin février. Les médecins seront intégrés dès que possible dans le dispositif cantonal. Des discussions sont en cours.
Mesures particulières et contrôles
Sur le terrain, la Police cantonale constate que la population et les commerces et entreprises se conforment le plus souvent aux mesures qui les concernent. Toutefois, dans un contexte d’amélioration des chiffres de l’épidémie, l’adhésion aux mesures est de plus en plus mitigée et les critiques se font plus fréquentes, notamment par rapport à ce qui peut être perçu comme des incohérences dans les décisions des autorités ou des inégalités de traitement.
Les chiffres des interventions policières ne traduisent qu’imparfaitement cette évolution, qui dans les faits est le plus souvent résolue par la négociation et la désescalade. Depuis le début de la deuxième vague, la Police cantonale a procédé à quelque 640 contrôles d’établissements publics et de commerces. Seuls 8 établissements publics et 4 commerces ont dû faire l’objet d’une dénonciation. De manière plus générale, la police a procédé depuis fin octobre à plus de 2000 rappels à la loi, et à 44 dénonciations pour non-port du masque, huit pour non-respect des distances et quatre pour des fêtes privées. Enfin, s’agissant de la situation dans les stations de ski, on peut relever la très bonne collaboration avec les exploitants, et de manière générale un bon respect des mesures covid. Le seul problème notable concerne le port du masque à l’arrivée en station, sur les parkings, notamment lors de fortes affluences.
Ecoles, culture et sport
L’école est non seulement un lieu d’apprentissage mais aussi un lieu de stabilité, de continuité et d’intégration. C’est pourquoi elle joue un rôle encore plus important en période de crise. Les plans de protection mis en oeuvre avec rigueur rendent les écoles sûres. Tous les efforts visent le maintien de l’enseignement en présentiel. Aussi, et tant que la situation sanitaire le permettra, les écoles fribourgeoises resteront ouvertes.
La crise a durement touché le secteur culturel. Le traitement des requêtes d’indemnisation de la seconde phase (dès novembre) se poursuit. Un nouvel instrument d’aide permet aux entreprises culturelles à développer des mesures pour passer le cap de la crise ou se réorienter au besoin.
La pratique du sport est contrariée depuis de nombreux mois. Un des défis des clubs sportifs sera de redonner de la motivation aux jeunes entre 16 et 25 ans ainsi qu’aux bénévoles qui les encadrent afin qu’ils s’engagent à nouveau, dès que cela sera possible.
Institutions, agriculture et forêts
Sur le plan des institutions, malgré le télétravail, les communes fonctionnent bien et arrivent à remplir leurs missions auprès de la population. Des contraintes particulières ont été fixées pour le déroulement de la campagne électorale pour les élections communales de mars prochain.
Dans le domaine agroalimentaire, il n’y a pas de problème d’approvisionnement. Contrairement au printemps 2020 où les marchés au bétail avaient été suspendus et le prix de la viande s’étaient effondrés, les prix de la viande sont actuellement stables même si la demande a un peu baissé avec la fermeture des restaurants. Le marché du lait n’est pas impacté par la pandémie. La fermeture des restaurants a une incidence légère sur le marché du fromage, mais plus importante sur la production de pommes de terre à frites au point que certains producteurs envisagent de réduire les surfaces destinées à cette production.
L’exploitation de la filière de dépistage virologique du COVID au Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAAV), en appui et sous l’égide de l’HFR, se poursuit. Quelque 7000 échantillons ont déjà été analysés avec d’excellents résultats depuis le lancement de cette filière (validée par Swissmedic pour le domaine médical), en mai 2020. Enfin, les mesures de soutien au bois fribourgeois et à la numérisation des exploitations laitières du Plan de relance 2020 sont maintenant opérationnelles.
Conclusion
Le Conseil d'État a traité de la crise dans chacune de ses réunions depuis mars dernier. Et il est conscient que pour faire face à la crise, tout doit être orienté sur le long terme, non seulement en matière de santé, mais aussi en termes de conséquences sociales et économiques. C'est là qu'intervient la devise que le Conseil d'État a choisie pour l'année en cours : « Nous avons besoin de décisions qui soient durables. C'est la seule façon de surmonter à long terme cette crise et ses conséquences dans tous les domaines de la vie ».