But
L’animation artistique des bâtiments constitue un élément important de la politique d’encouragement de la création artistique en arts visuels. Elle concrétise la part de responsabilité culturelle de l’Etat dans ses projets de construction de bâtiments publics.
Au niveau culturel, la démarche incarne un dialogue entre architecture et art, entre l’architecte, l’artiste et les usagers d’un bâtiment.
La forme que prend une animation artistique dépend de la nature et du potentiel du bâtiment et de la démarche artistique souhaitée. Cette démarche aboutit à des formes traditionnelles d’œuvres d’art (fresque, sculptures), mais à des formes plus surprenantes et moins tangibles. Parfois, elle permet une sensibilisation à des formes d’expression artistiques nouvelles, comme la numérisation ou l’art inclusif par exemple.
Lorsque l’Etat fait construire un bâtiment ou fait procéder à des travaux de rénovation dont le montant est supérieur à 1 millions de francs dans l’un de ses bâtiments, il réserve au plus 1% du coût des travaux à l’animation artistique – il s’agit du « pourcent culturel ».
De même, lorsqu’une commune ou une association de communes construit ou rénove un bâtiment affecté à l’usage public, elle peut solliciter une subvention destinée à l’animation artistique pour autant qu’elle bénéficie déjà d’une subvention pour ces travaux.
La mise en œuvre se fait en collaboration entre le Service des bâtiments (SBat) et le Service de la culture (SeCu), en vue d’encourager la création contemporaine et d’enrichir le patrimoine.
Conditions et procédure
La procédure est définie par les bases légales issues de la loi sur les affaires culturelles (LAC, Art. 17) et du règlement sur les affaires culturelles (RAC, Art. 29-34).
Pour l’exécution des œuvres, le Conseil d’Etat décide tout d’abord du mode d’appel. Il peut procéder par :
- commande ;
- appel direct aux artistes ;
- concours restreint (3-7 artistes sur invitation – cette option permet en général d’inclure une part d’artistes fribourgeois) ;
- concours général (ouvert à tous les artistes intéressés).
Le choix du mode d’appel découle d’une pesée d’intérêt entre le potentiel réel du bâtiment et le budget disponible, ce dernier devant couvrir les coûts de l’œuvre, les indemnités des membres du jury et autres frais engendrés par le concours.
La Direction de la formation et des affaires culturelles (DFAC) désigne ensuite un groupe de référence comprenant des représentants des usagers du bâtiment, du Service des bâtiments (Sbat), du Service de la culture (SeCu, qui assure en principe la présidence) ainsi que l’architecte mandaté. Lorsqu’un concours est organisé, le Conseil d’Etat désigne un jury, soit le groupe de référence complété par des professionnels des arts visuels.
Ensuite, un règlement est rédigé, qui prend en compte la conception architecturale et l’identité du bâtiment ainsi que sa mission et les usagers visés. Le règlement pose le cadre du travail artistique (montants disponibles, conditions d’entretien et de sécurité, planification, etc.).
S’en suit une phase de dépôt des projets ainsi que des délibérations. Les projets sont sélectionnés selon les critères d’évaluation suivants :
- Critères formels (respect du délai, complétude du dossier, présence à la journée d’information) ;
- Qualité artistique générale ;
- Qualité de l’approche artistique en relation avec le concept architectural et urbanistique du bâtiment ;
- Faisabilité, solidité et sécurité du projet artistique, adéquation entre les matériaux proposés et l’environnement ;
- Economie de l’œuvre sur le plan de la réalisation technique, du fonctionnement et de l’entretien.
D’autres critères peuvent être établis si besoin. Le jury rédige un rapport remis aux artistes ainsi qu’une recommandation au Maître de l’ouvrage, qui prend la décision finale et la communique.
Enfin, l’œuvre artistique est réalisée, vernie et mise à disposition de l’usager. Il s’agira ensuite de veiller à l’entretien, la documentation historique, l’inventaire et la protection patrimoniale de l’œuvre choisie.
Exemples récents
- Bâtiment EVA, Givisiez – Matthieu Barbezat et Camille Villetard, "Connivence" (réalisation : 2017)
- Cycle d’orientation de Riaz – Daniel Schlaepfer, "La cour du Moléson" (réalisation : 2018)
- Mozaïk, Fribourg – Ivo Vonlanthen, "entre ciel et terre" (réalisation : 2019) : rapport du jury
- Hôtel cantonal, Fribourg – Isabelle Krieg, "Eclipse" (réalisation : 2021) : rapport du jury
- Extension du GYB, Payerne – Karim Noureldin, "DES" (réalisation : 2021)
- Collège Ste-Croix, Fribourg – démarche participative menée en collaboration avec la Fondation Les Nouveaux Commanditaires
- Bâtiment scolaire (Längmatt) Morat – Christiane Hamacher