Pour rappel, les objectifs de politique énergétique du canton, lesquels sont compatibles avec ceux de la stratégie énergétique 2050 de la Confédération, visent la « Société à 4000 Watts » d’ici 2030, et à plus long terme la « Société à 2000 Watts » d’ici 2050. Pour ce faire, Fribourg a misé sur un équilibre entre des mesures contraignantes et des mesures incitatives.
S’agissant des mesures contraignantes ayant été introduites dans la nouvelle loi sur l’énergie au 1er janvier 2020, on trouve notamment l’obligation de produire une part de la chaleur avec une ressource renouvelable lors du remplacement d’une installation de chauffage (20%), et pour toute nouvelle installation (30%). Il est aussi obligatoire désormais de produire une part des besoins d’électricité sur toutes nouvelles constructions avec de l’énergie renouvelable.
Programme Bâtiment dopé par le Plan de relance
Ces mesures ont pu être accompagnées avec un Programme Bâtiments renforcé par une mesure du plan de relance à l’économie en lien avec la crise sanitaire que l’on connaît (~15 millions de francs supplémentaires au total pour cette mesure). Planifiée jusqu’à fin 2022, ou jusqu’à épuisement des montants à disposition, le Programme Bâtiment connaît un énorme succès. Selon les projections qui peuvent déjà être établies, les montants à disposition seront probablement épuisés au plus tard au début de l’année 2022. Comme les décisions ont une validité de 2 ans, les travaux s’étaleront jusqu’en 2024. Depuis son lancement, le Programme Bâtiments a permis l’octroi de 76 millions de francs de subventions pour des investissements totaux estimés à près de 500 millions de francs. Une analyse est en cours avec la HEG afin d’étudier l’impact précis de ce programme sur l’économie fribourgeoise.
Sur la base des deux axes de mesures susmentionnés, les résultats sont vraiment probants en ce qui concerne la substitution des énergies fossiles dans le domaine de la production de chaleur. Sur l’ensemble des dossiers mis à l’enquête pour les nouvelles constructions et le remplacement des installations de chauffage (~ 900 dossiers pour 2020), seuls environ 4% des bâtiments continuent à utiliser des énergies fossiles (mazout ou gaz). Dans près de 82% des cas, les propriétaires optent pour des pompes à chaleur. Viennent ensuite les raccordements à des chauffages à distance (8%) et les chauffages au bois (6%).
Compte tenu de ces résultats, Fribourg a une longueur d’avance et serait déjà pratiquement prêt à appliquer sans contrainte supplémentaire la future loi sur le CO2 qui sera soumise au vote populaire le 13 juin prochain, s’agissant spécifiquement du domaine du bâtiment. Les efforts entrepris seraient d’ailleurs récompensés dans ce contexte puisque la LCO2 ne s’appliquerait dans notre canton qu’à partir de 2026, soit 3 ans plus tard que les cantons présentant un certain retard législatif par rapport à l’introduction du Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC).
Progression fulgurante du solaire photovoltaïque
En ce qui concerne la production d’électricité renouvelable, avec une croissance de plus de 239% entre 2015 et 2020, l’évolution du solaire photovoltaïque est spectaculaire. La production actuelle atteint désormais 130 GWh. Mais pour atteindre les objectifs fixés dans ce domaine, à savoir une production de 500 GWh d’ici 2050, il faudra renforcer encore cette croissance.
La production du solaire photovoltaïque permet ainsi un apport grandissant d’électricité, mais surtout durant la période estivale. La production d’électricité en hiver, alors qu’il s’agit de la période où la demande est la plus conséquente, peine en revanche à décoller.
Cette problématique concerne toute la Suisse et n’est pas propre au canton de Fribourg. A l’heure actuelle, aucune installation de géothermie profonde, aucun parc éolien et aucun projet hydraulique ne sont suffisamment avancés sur notre territoire pour prévoir une production à court et à moyen termes pour compenser le creux hivernal. Par ailleurs, aucune installation de biogaz n’a été mise en service depuis 2016 et aucun projet d’envergure n’est projeté à ce jour. Cet état de fait est somme toute assez inquiétant, d’autant que la pénurie d’électricité représente le plus grand risque en Suisse, devant la pandémie, selon l’Office fédéral de la protection de la population. De plus, les importations sont devenues incertaines, les pays voisins connaissant la même problématique. La situation risque de devenir encore plus critique avec le terme mis par le Conseil fédéral à l’Accord-cadre avec l’Union européenne.
Une campagne sismique (activité de surface) pour la géothermie profonde pourrait toutefois débuter dès 2022 dans le canton, avec l’objectif de construire des centrales de chauffage à distance pour alimenter les centres urbains.
La création du Centre de compétence en rénovation des bâtiments, dont le projet est en cours de développement et devrait être soumis au Conseil d’Etat à fin 2021, représente également une priorité. Il en va de même pour la poursuite et le renforcement des activités en matière de formation continue avec le programme Energie-FR.
Pour les années à venir, le canton de Fribourg entend poursuivre son offensive pour une transition énergétique rapide et cohérente, mais sûre, notamment en continuant de soutenir l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, et l’utilisation des énergies renouvelables.