La sauvegarde du patrimoine archéologique passe par la (re)connaissance des sols qui sont les écrins dans lesquels les vestiges dorment depuis des siècles ou des millénaires. Ces sols sont de natures diverses et leur affectation actuelle (agriculture, forêt, habitation, infrastructure, etc.) prédétermine très directement l’avenir potentiel des vestiges anciens qu’ils abritent. En 2018, le Service archéologique de l’État de Fribourg est intervenu à 466 reprises. Lors des opérations, il a documenté des agencements de structures construites, prélevé d’innombrables éléments mobiliers, empaqueté des échantillons pour datations et analyses, mais aussi – et c’est primordial – observé et caractérisé la nature des sols, que ces derniers renferment ou non des vestiges. L’étude de l’ensemble de ces informations mène ensuite bien entendu à une compréhension des comportements et actions de nos ancêtres à diverses époques, ce qui est le but ultime de l’archéologie. Mais elle permet aussi de mieux gérer, à l’échelle cantonale, le patrimoine qui est encore à l’abri dans le sol.
La variété du patrimoine archéologique fribourgeois n’est plus à démontrer et cette publication annuelle en témoigne. À Gletterens (Broye), des clivages entre Suisse occidentale et orientale dans l’économie de chasse et d’élevage sont identifiables, même après 5000 ans. À Estavayer-le-Gibloux, c’est une fosse qui révèle un contenu pour le moins surprenant, rappelant le goût des populations gallo-romaines pour les festivités. Quant au passage au crible de nouvelles méthodes d’inventaire des trésors découverts anciennement à Montet (Glâne) et à Barberêche (Lac), il met en lumière la circulation monétaire dans nos contrées au XVIIe siècle.
Le Service archéologique recherche constamment le meilleur équilibre possible entre mesures de sauvegarde du patrimoine archéologique et développement économique. Si les objectifs semblent fondamentalement antagonistes de prime abord, il est avéré depuis des années qu’une bonne anticipation, une coordination transparente et une stratégie volontariste avant le début de travaux permettent d’atteindre les deux buts sans que l’un ou l’autre ne soit péjoré. Les interventions archéologiques qui se sont succédé avant une extension de la zone industrielle de Rossens (Sarine) sont un parfait exemple de ce type de situation. L’exploitation de ce lieu pendant plusieurs siècles est illustrée par des indices d’habitats de l’âge du Bronze moyen, par deux tombes à incinération à entourage de galets de l’âge du Bronze récent dotées d’un riche mobilier funéraire céramique et métallique, par une tombe à incinération de l’âge du Fer renfermant un anneau en or, et finalement par une fibule en bronze richement décorée du Second âge du Fer. Cet ensemble extraordinaire peut aujourd’hui être présenté en détail grâce au travail de l’archéologie cantonale, qui réalise sa mission en s’adaptant au rythme du développement économique.
L’investissement du personnel archéologique du canton est perceptible tout au long de l’ouvrage, que ce soit par l’image de ces petits commandos de gilets orange qui s’affairent par tous les temps, par la qualité des observations réalisées ou encore par la précision des dessins et des plans exécutés. Les ensembles documentaires cohérents archivés pour chaque intervention sont le gage, pour les générations futures, de pouvoir explorer le passé avec leur regard propre. Les lectrices et lecteurs des Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise ne manqueront pas de découvrir ces nombreux reflets de l’archéologie cantonale au travers du Calendrier 2019, du bilan annuel de l’Archéologie du territoire et des six Aperçus qui offrent un premier regard – de lecture simple – sur quelques-unes des découvertes les plus récentes.
Imprimé à 500 exemplaires, ce volume des Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise est aussi disponible en téléchargement dès ce jour sur le site du Service archéologique de l’État de Fribourg (https://www.fr.ch/sommaire/publications-archeologiques?page=2#detail). La version numérique rejoindra dès que possible la série des vingt volumes antérieurs sur la plateforme E‑Periodica (e-periodica.ch). Bien entendu, le lectorat qui préfère tourner des pages physiques peut commander ce nouveau volume auprès du Service archéologique. Il se rendra alors compte qu’avec leur nouvelle reliure pratique et leur papier très agréable, les Cahiers d’Archéologie Fribourgeoise font aussi peau neuve matériellement.
Le personnel du Service archéologique de l’État de Fribourg se réjouit de vous offrir une belle lecture à la découverte du passé de notre canton. Et il continue à s’engager au quotidien pour que la ressource non renouvelable que représentent les vestiges archéologiques ne soit pas gaspillée, mais pérennisée et valorisée avec l’ensemble des compétences et des moyens mis à sa disposition.