Le château de Bulle, construit au XIIIe siècle, n’accueille plus aujourd’hui que la Préfecture de la Gruyère, après le déménagement de la police et du Tribunal d’arrondissement au milieu des années 2010. D’immenses surfaces de très haute valeur patrimoniale sont ainsi vacantes. A l’initiative du Préfet de la Gruyère, la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF) et la Direction de l’aménagement, de l’environnement et des constructions (DAEC) ont élaboré un projet de transformation et d’assainissement du château. Après deux ans consacrés aux études de faisabilités, la procédure de concours d’architecture et d’ingénierie vient de débuter.
L’état civil et le registre foncier de la Gruyère, actuellement locataires en ville de Bulle, devraient ainsi rejoindre la Préfecture de la Gruyère dans le château, tout comme une antenne du Service de l’enfance et de la jeunesse. Un guichet commun et des salles partagées (salles de séances, cafétaria…) permettront de mutualiser les surfaces et d’offrir au public un accueil optimal.
Le projet inclut également la mise en valeur de plusieurs espaces d’une grande valeur patrimoniale actuellement peu ou pas accessibles au public. Il s’agit notamment de la grande tour (« donjon »), dont l’accès, mis en place à l’occasion des Journées du patrimoines, devrait être pérennisé (y compris les abris de défense aérienne passive construits dans sa base lors de la Deuxième Guerre mondiale), ainsi que des prisons historiques des XVIe et XVIIIe siècles. Un local d’exposition temporaire et une salle de médiation culturelle, qui pourrait être gérée par le Musée gruérien, sont également envisagés.
Le château de Bulle est également un lieu apprécié pour les évènements culturels régionaux. Il a ainsi souvent accueilli des concerts et spectacles, dans sa cour comme dans les douves qui l’entourent. La cour du château devrait ainsi être équipée afin d’améliorer les possibilités de recevoir de tels évènements (électricité, toilettes accessibles…).
Le château de Bulle se profile comme projet pilote dans le cadre des réflexions sur l’utilisation des châteaux du canton de Fribourg. Le projet correspond tant à la stratégie propriétaire de l’Etat visant à répondre en principe aux besoins de son administration par des biens immobiliers propres pour réduire la charge locative qu’à sa volonté de mettre en valeur son patrimoine historique. Le processus entamé à Bulle sera déployé aux autres châteaux faisant partie du portefeuille immobilier « patrimoine historique » qui accueillent des administrations cantonales.
Jean-François Steiert, président du Conseil d'Etat et directeur de l'aménagement, de l'environnement et des constructions, a ainsi rappelé l'objectif d‘augmenter, grâce à des investissements ciblés, la valeur de ces biens et l'attractivité du canton en même temps – sur le plan économique, en termes de tourisme, mais aussi sur le plan culturel et de la qualité de vie. Le Conseil d'Etat poursuit ces principes sur d’autres sites également, comme par exemple l'ancien site de Cardinal avec Bluefactory et l'ancien site de Ciba-Geigy à St-Aubin avec AgriCo.
La phase de candidature pour le château de Bulle a débuté début mai. A son terme, 6 à 8 équipes seront retenues pour la phase du concours proprement dit. Les candidats devront notamment attester de réalisations sur des bâtiments historiques. L’Etat a toutefois tenu à donner également la possibilité à de jeunes équipes pluridisciplinaires de se porter candidates, même sans disposer des références demandées. Elles pourront s’associer avec un bureau parrain.
La remise des dossiers de la phase sélective est fixée au 11 juin 2021. Le concours proprement dit débutera le 20 août pour se terminer le 10 décembre. Une exposition publique des projets devrait se tenir en février 2022.
Les coûts du projet sont aujourd’hui estimés à environ 25 millions de francs. Sur la base des projets retenus et en fonction des disponibilités budgétaires, la transformation du château de Bulle devra encore être approuvée par le Conseil d’Etat puis soumise au Grand Conseil. Le calendrier de réalisation des travaux dépendra de ces décisions.