Le canton de Fribourg connaît, depuis quelques années, une très forte croissance de sa population avec, pour corollaire, une augmentation de la mobilité, notamment pendulaire. Dans ce contexte, le Conseil d’Etat veut mener une réflexion globale sur les défis qui se posent. C’est aussi un des objectifs qui sera développé dans la future loi sur la mobilité, dont les travaux viennent de commencer.
En parallèle à ces travaux législatifs, le Conseil d’Etat veut investir dans quatre domaines : le développement d’axes forts pour le vélo, l’encouragement d’une mobilité combinée, l’amélioration de l’accès aux transports publics pour les personnes âgées ou souffrant d’un handicap et la cohérence du réseau routier.
- Plan sectoriel vélo
La priorité des aménagements sera donnée aux secteurs à haut potentiel de report modal, pour créer de véritables axes forts pour le vélo. Le plan sectoriel vise une réflexion d’ensemble et la mise en place d’un réseau performant, attractif, sûr et continu. 88 kilomètres de voies cyclables ont déjà été réalisées sur le territoire fribourgeois. Des mesures constructives, qui devront être priorisées, sont nécessaires sur 325 autres kilomètres, pour un investissement d’environ 157 millions de francs.
La TransAgglo (Avry–Düdingen) et la voie verte à Bulle (gare–zone industrielle Planchy-Nord) représentent les deux axes avec le plus fort potentiel de report modal du canton. L’Etat se chargera de la coordination de leur réalisation. Les coûts de réalisation sont estimés à 33,5 millions de francs. La TransAgglo et la voie verte bénéficient d’un co-financement de la part de la Confédération par le biais des projets d’agglomération (PA2 et PA3).
- Aménagement de parcs-relais à proximité des gares ferroviaires et gares routières
L’offre en transports publics a été considérablement étoffée ces dernières années, grâce à la mise en place progressive du RER Fribourg|Freiburg et au développement de l’offre de bus. Aménager des interfaces permettant aux pendulaires de laisser à proximité des gares leur véhicule motorisé ou leur vélo pour emprunter les transports publics est aussi un moyen d’inciter au report modal et d’encourager une mobilité combinée.
L’ensemble des gares ferroviaires à l’horizon 2035 (66 en tout) et les arrêts de bus de Farvagny-le-Grand, Le Mouret village, Plaffeien Dorf et Tafers Dorf, situés dans des zones non desservies par le train, ont été étudiées pour estimer la clientèle potentielle pour des parcs-relais ainsi que les dimensionnements nécessaires en places de stationnement. A l’heure actuelle, 40 haltes disposent d’un parc-relais, pour environ 1000 places de parc pour les voitures. Plus de 900 places pour vélos sont également proposées dans 25 haltes.
Les places de stationnement pour voitures pour chaque parc-relais ont été calculées en fonction d’un objectif de rabattement de 4 % du nombre de clients potentiels (actuellement 1,5 %). Le nombre nécessaire de places de parc supplémentaires pour voitures est estimé à 918 places en surface et 539 places en ouvrage. En se basant sur un objectif à atteindre d’une place pour 10 voyageurs, il faut également 1534 places de vélo supplémentaires. Des projets-pilotes seront lancés en collaboration avec les TPF.
Les TPF planifient la construction de huit nouvelles gares routières : Avry, Broc-Village, Bulle, Châtel-Saint-Denis, Estavayer, Givisiez, Murten et Romont. Ces gares routières sont situées à proximité de haltes ferroviaires et à des points de convergence importants du réseau de transports publics routiers sur le réseau de trains. Elles seront aménagées, dans la mesure du possible, à proximité immédiate de la zone d’accueil ou de l’accès à la halte ferroviaire, avec comme objectif d’optimiser les temps de correspondances, de créer une synergie de l’information et des services aux voyageurs et de réduire le plus possible les désagréments liés au transbordement.
Les coûts d’aménagements de ces huit interfaces sont estimés par les TPF à 21,94 millions de francs (±15 %) :
Emplacement |
Montant en mio CHF (±15 %) |
Avry-Matran |
2,95 |
Broc-Village |
0,56 |
Bulle |
5,10 |
Châtel-Saint-Denis |
1,40 |
Estavayer |
1,20 |
Givisiez |
1,15 |
Murten |
0,78 |
Romont |
4,00 |
Acquisitions de terrain |
4,30 |
Frais d’études |
0,50 |
Total |
21,94 |
Ces coûts entrent principalement dans le cadre du trafic régional de voyageurs (TRV) mais deux gares routières concernent également le trafic d’agglomération commandé par l’Agglomération de Fribourg (Givisiez et Avry-Matran).
- Mise en conformité des arrêts de bus avec la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (LHand)
Le territoire fribourgeois recense 1456 arrêts de bus, dont 739 sur des routes cantonales et 717 sur des routes communales. 35 sont conformes à la loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (LHand) et 8 sont actuellement en travaux.
Une étude, basée sur une analyse utilité-coût et prenant en compte le principe de proportionnalité (LHand, Section 3, art. 11 et 12) a été lancée. Elle arrive à la conclusion que 240 arrêts sur routes cantonales doivent être mis en conformité. A cela sont ajoutés 94 arrêts pour assurer à chaque localité au moins un arrêt conforme à la LHand. Au total, 334 à charge de l’Etat sont à assainir dans le canton.
Les coûts des travaux, qui comprennent la réalisation et l’équipement des arrêts, les adaptations des accès et des carrefours adjacents, de l’évacuation des eaux, de l’éclairage, les frais d’achat de terrain sont estimés à 26,535 millions de francs. La part de l’Etat se monte à 21,228 millions de francs, 20 % des coûts étant à charge des entreprises de transport. Une planification des travaux à entreprendre sera faite ultérieurement.
Les résultats de l’étude ont été transmis à l’Association des communes fribourgeoises pour les arrêts sur routes communales.
- Etudes d’avant-projet lancées pour trois routes de contournement
Le Conseil d’Etat entend assurer la qualité du réseau routier en complément aux autres modes de transports. Il a décidé de lancer les études d’avant-projet pour trois routes de contournement : Romont, Kerzers et Prez-vers-Noréaz. Des compléments d’études seront effectués pour le contournement de Givisiez.
Il a pris cette décision sur la base de la recommandation du Comité de pilotage (COPIL) « Priorisation des 7 routes de contournement », qui a évalué individuellement les sept projets de routes de contournement retenus par le Grand Conseil en septembre 2016 et auditionné les communes concernées. Le gouvernement a affiné la réflexion du COPIL, en prenant en considération une plus forte pondération des coûts de construction (le COPIL avait retenu une pondération de 8 % dans ses travaux), les conditions de réalisation des routes de contournement (terrains en mains de l’Etat, remaniement parcellaire déjà effectué, etc) et le respect de l’équilibre régional.
- Romont
Le projet de Romont a été classé en première position par le COPIL. Le tronçon nord, entre le giratoire de Chavannes-sous-Romont et celui de la Parqueterie, dont le tracé est déjà existant, sera réalisé en premier. Les études du tronçon sud (entre le giratoire de la Parqueterie et celui situé au niveau de la sortie de Nespresso) seront lancées dans un second temps.
- Kerzers
Le COPIL a classé le projet de Kerzers en 4e position. Le Conseil d’Etat a choisi de le remonter dans la liste, en raison de son coût de réalisation, qui peut être réduit grâce à la participation financière de tiers, de la nécessité d’une route de contournement pour l’exploitation d’une gravière inscrite au plan sectoriel pour l’exploitation des matériaux (PSEM), du fait que les terrains sont déjà en grande partie propriétés de l’Etat et pour respecter un certain équilibre régional.
- Prez-vers-Noréaz
Le Conseil d’Etat a enfin décidé de retenir également le projet de Prez-vers-Noréaz, vu l’importance de cet axe, qui relie les autoroutes N1 et N12, l’absence d’alternative ferroviaire, sa réalisation potentiellement rapide et son coût. Les terrains appartiennent déjà à l’Etat.
Concernant la route de contournement de Givisiez, les études de planification seront approfondies avec l’Office fédéral des routes (OFROU), qui a fait expressément la demande d’être impliqué dans le projet, notamment afin de mesurer ses impacts sur la jonction autoroutière de Fribourg-Sud/Centre et de l’autoroute N12.