L’année 2024 marque les dix ans de l’entrée en vigueur des programmes d’intégrations cantonaux – les « PIC ». Elaborés conjointement entre la Confédération et les cantons, ils visent à déterminer les engagements financiers respectifs et à décliner dans chaque canton – en fonction de ses spécificités – une politique d’intégration harmonisée au niveau suisse.
Après le PIC 1 pour la période 2014-2017, le PIC 2 pour 2018-2021 et le PIC 2bis pour les années transitoires 2022-2023, c’est l’ère du PIC 3 (2024-2027) qui s’ouvre aujourd’hui. Le numéro change, les axes d’action évoluent en fonction des besoins du terrain et des nouvelles réalités démographiques, migratoires et sociétales, mais les grands objectifs demeurent. Stimuler l’intégration de la population issue de la migration, c’est dynamiser la cohésion sociale de notre canton – et ses 345 000 personnes vivant sur le territoire cantonal – si importante à une époque souvent marquée par l’individualisme et le repli sur soi. C’est aussi valoriser la diversité croissante de notre société, en reconnaissant aux personnes issues de la migration, à leurs réseaux et à leurs cultures, leur pleine appartenance à la société fribourgeoise. C’est encourager aussi leur participation, favoriser les échanges et l’enrichissement mutuel entre personnes avec des parcours de vie, des origines et des expériences différentes. C’est enfin s’engager de manière résolue dans la prévention du racisme pour garantir l’égalité des chances dans tous les domaines.
Hausse de la population migrante et pénurie de main-d’œuvre
Il y a dix ans, la population étrangère de notre canton se montait à 64’000 personnes. Aujourd’hui, elle est passée à 89’000, soit une hausse de 25'000 personnes – presque l’équivalent de la Ville de Bulle. Avec la pénurie de main-d’œuvre indigène croissante en Suisse dans de nombreux domaines – on peut citer la santé, la construction, le tourisme, etc. – ce phénomène va s’accentuer dans le futur. Ces chiffres démontrent l’importance de mener une politique d’intégration dynamique, proactive et concertée.
Sur la période de 2014 à 2023, plus de 100 partenaires ont été impliqués et plus de 700 projets ont été subventionnés. Le PIC 3 (2024-2024) s’inscrit dans la continuité, la consolidation, l’adaptabilité et l’innovation. Il repose sur sept domaines : 1. Information, évaluation des besoins d’intégration et conseil. 2. Langue. 3. Aptitude à la formation et employabilité. 4. Petite enfance. 5. Vivre-ensemble et participation. 6. Gestion de la diversité et protection contre la discrimination. 7. Interprétariat.
Le Bureau de l’intégration des migrant-e-s et de la prévention du racisme (DSJS) et le Service de l’action sociale (DSAS) – qui mettent conjointement en œuvre le PIC 3 – ont identifié, avec leurs partenaires, cinq axes stratégiques et transversaux : mobiliser les structures ordinaires, renforcer la participation des publics-cibles, repenser les formes de collaboration et de financement, assurer la qualité des prestations et lutter contre les discriminations. Ces cinq axes se matérialiseront au travers de 22 mesures et orientations. Les défis pour les 4 années à venir seront nombreux. On peut entre autres citer les suivants : continuer à développer les mesures d’intégration et de prévention du racisme sans subventions fédérales supplémentaires, renforcer le rôle des structures ordinaires ou encore gérer la volatilité constante du domaine de l’asile et des réfugiés.
35,6 millions sur quatre ans
La mise en œuvre du PIC 3 2024-2027 comptera sur des investissements globaux de 35,6 millions de francs (soit 8,9 millions par an). La Confédération y contribue à hauteur de 88%. Plus de 75% de ces investissements sont constitués de forfaits d’intégration – 18 000 francs par décision effective d’asile – pour les personnes du domaine des réfugiés. Le quart restant est dévolu à l’intégration des personnes migrantes hors asile, soit une enveloppe annuelle de 2,12 millions : 1 053 845 francs de part fédérale, 594 381 francs de part cantonale et 459 464 francs comptabilisant des prestations cantonales et communales existantes.
Avec le PIC 3, l’Etat de Fribourg se dote de conditions-cadres renouvelées – souples et solides – qui lui permettront de donner des perspectives aux personnes issues de la migration et de renforcer le vivre-ensemble. « Notre modèle pragmatique, basé sur un partenariat avec une multitude de partenaires – communes, services étatiques, organisations non-gouvernementales, milieux économiques, société civile et communautés étrangères – permet de répondre aux nombreux défis du domaine. Il est la clé du succès de notre politique d’intégration et de prévention du racisme », se réjouit Romain Collaud, Directeur de la sécurité, de la justice et du sport. « L’intégration paie. Investir dans les politiques d’intégration, c’est non seulement une nécessité sociale et économique, mais c’est surtout anticiper pour que les défis actuels se transforment en autant de chances à l’avenir », conclut pour sa part Philippe Demierre, Directeur de la santé et des affaires sociales.