La Police cantonale dresse le bilan de son activité de l’année écoulée, marquée par une intensité soutenue nécessitant de prioriser certaines de ses missions. Pour ce faire, elle a par ailleurs dû renoncer à certaines prestations et fermer des postes de police de manière temporaire. Malgré ces défis, l’engagement constant des forces de l’ordre semble avoir contribué à maintenir un très bon niveau de sécurité dans le canton.
Un retour significatif de la criminalité dite classique et un taux d’élucidation élevé
Les résultats statistiques de l’année 2023 mettent en évidence une augmentation de 20 % des infractions au Code pénal (15'434 infractions) dans notre canton, une hausse significative qui n’avait plus été observée depuis 2015. À relever que dans 44,9 % des infractions, l’enquête a permis de confondre un ou plusieurs auteurs (taux d’élucidation moyen en Suisse de 38,5%). Les infractions à la LStup restent stables alors que le contexte international influence fortement les infractions à la LEI, en nette augmentation (+105 % - près de 3'000 infractions constatées).
Au chapitre des infractions au patrimoine, on observe une augmentation de 29 % (10'191 infractions contre 7'894 en 2022). Ce sont principalement les vols (+27 %), les vols de véhicule (+32 %) dont principalement des vélos électriques, les dommages à la propriété (+19 %) et les escroqueries classiques (+29 %) qui influencent cette hausse.
Les constats de cambriolages (vols par effraction et par introduction clandestine), après plusieurs années de stabilité, ont bien repris (+25 %, soit 1'027 constats effectués contre 819 en 2022). Nous observons un retour des auteurs venant de l’étranger pour commettre ce type de délit. Chaque année, la prévention en la matière est régulièrement communiquée par la police en fonction des phénomènes identifiés. Les auteurs n’hésitent cependant pas à agir de jour, lorsque les personnes sont absentes du domicile.
Les effets positifs de la libération de la parole : une charge de travail élevée pour la Brigade des mœurs et maltraitances
Alors que les chiffres de la criminalité affichent une légère baisse des infractions à l’intégrité sexuelle (-16 %), le nombre de cas annoncés auprès de cette brigade est en augmentation constante depuis plusieurs années. En 2023, 392 nouvelles affaires ont été traitées. Si la Police cantonale se réjouit de la libération de la parole et d’une tolérance moindre à des comportements inacceptables, elle relève que de nombreuses situations se trouvent à la limite entre le droit pénal et le droit civil, ce qui implique des contacts réguliers avec différents partenaires pour assurer une bonne coordination. En accord avec le Ministère public, plusieurs adaptations de processus ont été prises en cours d’année afin de gagner en efficience tout en assurant une prise en charge professionnelle de toutes les victimes. L’augmentation de l’intensité ainsi que les attentes légitimement élevées dans ce domaine mettent la Police cantonale au défi.
Une croissance exponentielle de la cybercriminalité
Le Commissariat cybercriminalité de la Police cantonale a traité plus de 1'500 plaintes pénales
(+56 %) pour un préjudice de 9,5 millions (6 mio en 2022). Seuls 40 % des dossiers disposant d’éléments suffisants font l’objet d’investigations par le Commissariat cybercriminalité ou la Gendarmerie. En raison de l’absence de chances de succès, le solde des cas est introduit dans la base de données puis classé. En regard des 44 % d’augmentation des infractions relevées par la SPC, le taux d’élucidation de celles-ci reste faible (12,3 %). Ces tendances se confirment à l’échelle nationale. Le domaine de la cybercriminalité reste un défi de par sa complexité technique, son caractère international ainsi que par l’impact fort auprès des victimes.
Plusieurs actions de prévention et de sensibilisation ont été menées durant l’année et se poursuivront en 2024. Une meilleure compréhension des modes d’action des cybercriminels ainsi qu’une prévention mieux ciblée resteront, pour quelque temps encore, le moyen le plus efficace pour lutter contre les phénomènes en constante évolution et les astuces utilisées par les cybercriminels.
Crédits Covid : plus d’une centaine d’enquêtes menées
Durant l’année dernière, les enquêtes liées aux crédits Covid se sont poursuivies. Depuis mars 2020, la Brigade financière (BFI) a enquêté sur près de 130 cas totalisant environ 15 millions de nos francs. Une centaine d’enquêtes a été rapportée au Ministère public. La tendance des dénonciations liées aux crédits Covid devrait perdurer, avec des prêts devant être remboursés dans un délai de 8 ans, prolongeable de 2 ans.
Une Task force permanente pour faire face au phénomène de délinquance de rue
Face à une augmentation de la délinquance de rue commise par une minorité de personnes issues de l’asile, la Police cantonale a, en coordination avec tous les partenaires, mis en place dès avril 2023 une Task force. Composée d’agentes et agents de la Police de sûreté et de la Gendarmerie, la Task force est spécifiquement dédiée à des actions visant à ne pas laisser la situation sécuritaire se péjorer et à opérer de manière ciblée contre ce groupe de délinquantes et délinquants.
Les auteurs présumés ont principalement commis différents types de vols, n’ont pas respecté des interdictions de périmètre, étaient recherchés ou en séjour illégal. Des désagréments liés à la consommation d’alcool ou de drogue dans l’espace public ont également été mis en évidence.
Cette mesure a permis de maintenir le climat sécuritaire sous contrôle et de dénoncer aux autorités tous les cas de flagrant délit. Les interpellations réalisées ont mis en évidence que, dans une part importante des cas, les auteurs présumés étaient des hommes originaires de l'Afrique du Nord et âgés de 20 à 29 ans. Près de la moitié d'entre eux ne résidaient pas dans le canton de Fribourg. Ce phénomène de délinquance de rue a mis et continue de mettre à forte contribution les forces de l’ordre ainsi que les instances de traitement de la chaîne pénale et administratives.
En quelques chiffres : 2'101 infractions constatées, commises par 483 auteurs présumés. A 342 reprises, une mesure d’arrestation provisoire a été prise et à 74 reprises, l’auteur présumé a été mis en détention sur ordre du Ministère public.
Engagement social et sécuritaire important
Au-delà des chiffres, la Police cantonale demeure également un pilier essentiel de la sécurité sous l’angle social, intervenant quotidiennement dans des contextes et des situations sensibles et parfois dramatiques. L'accompagnement des personnes en difficulté, la gestion des disparitions et la lutte contre les crimes de haine sont autant de missions que la police ne peut, à elle seule, prendre en charge. Pour ce faire, elle travaille en bonne collaboration avec différentes institutions et services compétents.
Plus de 20 fois par jour, l’intervention d’une patrouille de police est requise pour des personnes en difficulté (souffrant de handicap, enfants égarés, souffrant de problèmes psychiques, dans le cadre de situations précaires ou des personnes en proie à des tendances suicidaires). 794 annonces de disparition sont parvenues à nos services en 2023. Dans près de 100 cas, la police a déclenché des opérations de recherches avec l’appui de différents services de secours.
La violence au sein du couple ou des familles : près de deux fois par jour
Environ deux fois par jour, la police a été informée ou est intervenue l’année dernière pour des violences domestiques. Si la tendance reste stable sur ces quatre dernières années, ces situations n’en restent pas moins toujours impactantes pour les victimes. En collaboration avec différentes instances, tout est mis en œuvre pour la meilleure prise en charge possible ainsi que pour la mise en sécurité des victimes quand cela s’avère nécessaire. Dans 25 % des cas, l’auteur a fait l’objet d’un éloignement du domicile et d’un suivi par l’association EX-pression.
En collaboration avec le Bureau de l’égalité hommes – femmes et de la famille (BEF), la Police cantonale a participé activement à un volet plus préventif et a détaché des ressources pour la co-animation de l’exposition « Plus fort que la violence ».
La discrimination et le harcèlement de rue toujours d’actualité
Mandatée en 2019 par le Grand conseil, la Police cantonale poursuit son action dans le recensement et la prise en charge des situations de discrimination et de harcèlement de rue. 112 cas ont été portés à sa connaissance en 2023 (+17 %) dont près de la moitié (51 cas) relevaient de la discrimination raciale. Les enquêtes menées, sur la base des plaintes pénales déposées (dans 63 % des cas) par les victimes, ont permis de dénoncer un ou plusieurs auteurs dans plus de 88 % des cas. Les victimes ne doivent pas hésiter à se présenter à la police pour signaler une situation de harcèlement ou de discrimination.
Appel à la prudence sur nos routes
Toujours plus d’usagers, toujours plus de véhicules empruntent les routes de notre canton. Chacun doit pouvoir y trouver sa place en toute sécurité et cela dépend directement de la vigilance et du comportement des uns et des autres. Les constats d’accidents ont connu une légère baisse de 4 % en 2023 (1'068 accidents contre 1'114 en 2022). 699 usagers ont été blessés et 9 personnes ont trouvé la mort sur les routes fribourgeoises, dont 2 enfants, ce qui est dramatique. Dans 24 % des accidents, l'état physique du conducteur était en cause.
753 ivresses et 442 conduites sous l’effet de stupéfiants ont également été constatées lors de contrôles. Cela constitue une légère baisse par rapport à l’année précédente, mais cela n’en reste pas moins inquiétant. Il est également observé une augmentation régulière, ces quatre dernières années, des conduites sans permis ou sous le coup d’un retrait.
Les espaces routiers fribourgeois ne sont pas toujours sûrs. C’est pourquoi la police continuera à rester active, de manière préventive et répressive, afin de favoriser les bons comportements.
Une adaptation permanente et des priorisations nécessaires
2023 révèle un retour à des chiffres statistiques marqués par une haute intensité opérationnelle. Pour y faire face dans la durée, la Police cantonale fribourgeoise devra constamment évaluer ses capacités et, quand les ressources sont sous pression, prioriser ses missions. L’évolution du cadre légal et les servitudes administratives imposent également des adaptations parfois conséquentes de ses processus de travail. Des ajustements pourraient être rendus nécessaires pour garantir les missions premières de la police qui sont d’assurer les interventions, le travail d’enquête ainsi que la prévention en partenariat, au service de la population et des autorités.
Documentation et information : Faits marquants et chiffres clés de la Police cantonale Fribourg