Les animaux naturalisés sont des objets organiques. Le risque qu’ils soient attaqués tôt ou tard par des insectes nuisibles friands de leur peau ou de leur fourrure est important. Depuis l’abandon du recours aux produits chimiques, et donc des traitements préventifs, les conservateurs doivent se montrer d’autant plus attentifs aux signes d’infestation.
Au cours de l’automne, l’équipe du Musée a observé l’amoncellement de sciure autour d’une patte de l’éléphant d’Asie. Elle a alors profité de la période de fermeture du mois de novembre pour mener une grande opération de désinfection de l’éléphant, mais aussi des autres spécimens naturalisés de la vitrine de l’Asie à titre préventif.
Alors que les petits objets peuvent être désinfectés par des méthodes relativement simples, par exemple par congélation durant quelques semaines, les grands animaux peu mobiles requièrent des méthodes plus complexes. Depuis plusieurs années, il est ainsi possible de recourir à un traitement par anoxie, c’est-à-dire une méthode qui tue les insectes présents dans les objets des collections des musées en les privant d’oxygène.
Pour ce faire, les animaux de la vitrine de l’Asie ont déménagé dans la salle des Invertébrés, vidée pour l’occasion, et se sont retrouvés empilés et enfermés dans une grande bulle constituée d’un film multicouche de plastique et d’aluminium. Imperméable, cette bulle permet de retirer progressivement tout l’oxygène et de le remplacer par de l’azote, un gaz naturel qui constitue les trois quarts de l’air que nous respirons. Au final, le taux d’oxygène baisse à moins de 0,3 %, ce qui ne permet pas aux organismes de vivre. Mais c’est connu, les insectes sont les champions des situations extrêmes et peuvent survivre à des conditions anoxiques pendant un certain temps sous forme de cocon par exemple. C’est pourquoi les animaux naturalisés sont restés enfermés dans la bulle pendant près de deux mois.
Début janvier, ces objets dont la valeur est à la fois scientifique et historique, ont pu être libérés. Ils retrouvent peu à peu leur place dans la vitrine de l’Asie.