L’atmosphère de violence affecte directement les enfants dans leur développement et crée chez eux un conflit de loyauté entre parent agresseur et parent agressé. Ces enfants subissent des conséquences directes de cette violence : repas inachevés ou pas faits, devoirs négligés, sommeil interrompu par des disputes bruyantes et violentes.
De plus, ces événements sont souvent tus et cachés par l’entourage familial et deviennent un véritable secret de famille qui doit être dissimulé aux yeux du monde extérieur afin de maintenir une normalité. L’enfant est désorienté et perçoit alors un décalage entre son ressenti et ce qui se met en scène, notamment dans le cycle de la violence où après les coups, la peur et les insultes, il y a les promesses et la lune de miel donc une accalmie.
Les conséquences de cette violence sont graves pour les enfants qui vont présenter divers symptômes tels que l’énurésie, troubles du sommeil, de l’alimentation, etc. Sur le long terme, la majorité de ces enfants va présenter un syndrome post-traumatique. C’est pourquoi il est important de protéger ces enfants et de les aider face à cette difficulté.
De plus, de nombreuses études ont démontré l’aspect transgénérationnel de la violence au sein du couple qui va être apprise comme mode de communication dès l’enfance et ainsi se reproduire sur le long terme avec des dégâts conséquents voire irréversibles : les garçons ayant tendance à reproduire de la violence sur leur partenaire et les filles à être victimes de violence au sein de leur couple.
Les capacités de résilience de ces enfants doivent être accompagnées et renforcées par des personnes proches, des professionnel-le-s ou des membres de la famille. Il est impératif de leur fournir un soutien adéquat par rapport à cette problématique.
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Le Concept cantonal de lutte contre la violence au sein du couple et ses impacts sur la famille a été approuvé par le Conseil d’Etat le 18 juin 2018. Parmi les mesures prévues par l’axe « Protection des enfants exposés à la violence au sein du couple », la mesure 2.14 fait mention de la création de groupes de parole destinés aux enfants.
Le projet met sur pied d’ateliers-contes pour les enfants vivant dans un environnement de violence au sein du couple et les aider à développer des ressources pour grandir avec leur vécu.
Le concept a été imaginé par le Prof. Dr. Allan Guggenbühl, directeur de l’Institut pour la gestion des conflits à Zurich. Ce dernier rédige des histoires qui permettent aux enfants d’explorer leurs émotions et de découvrir ce qu’ils souhaiteraient pouvoir faire dans ces situations de crise. Concrètement, les intervenant-e-s, formé-e-s spécialement par le Prof. Dr. Guggenbühl, racontent une histoire au groupe d’enfants, et, petit à petit, les enfants participent et élaborent leur vécu au travers d’un support symbolique.
A Fribourg, le projet est mis en place conjointement par l’Office familial et son service As’trame et le BEF, avec la collaboration du Service de l’enfance et de la jeunesse.
Les séances sont planifiées pour permettre aux enfants d’identifier leurs ressentis, partager leurs émotions et de pouvoir disposer de ressources pour les aider à grandir, malgré les situations difficiles qu’ils traversent ou qu’ils ont vécues.