L’Accord sur la libre-circulation des personnes (ALCP), que l’initiative de l’UDC demande d’abroger, compense la pénurie de main d’œuvre qualifiée dans les professions techniques et dans les métiers de l’informatiques. En cas de oui le 27 septembre prochain, les entreprises fribourgeoises auraient plus de peine à recruter les spécialistes dont elles ont besoin. Elles devraient à nouveau se soumettre aux processus lourds et complexes en matière d’autorisation de séjour et de permis de travail. Selon le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), cette démarche avait coûté 9.7 millions de francs aux entreprises en 2011.
La santé, l’agriculture et le tourisme sont des secteurs caractérisés par une part élevée de travailleurs étrangers. A Fribourg, un tiers des médecins installés en cabinet est d’origine européenne. La qualité des soins ainsi que l’équilibre sanitaire du canton seraient par conséquent fortement impactés par l’abrogation de l’ALCP.Concernant la formation et la recherche, rien que pour l’Université de Fribourg, 100 professeur-e-s et près de 450 collaborateur-trice-s scientifiques sont originaires de pays de l’UE. Il est par conséquent évident que le niveau et la qualité de l’enseignement de l’Université, de la HES-SO//FR et de la HEP-PH FR sont eux aussi dépendants de l’ALCP.
Du fait de la clause guillotine, le texte menace également les 7 accords composant les Bilatérales I. Parmi eux, l’Accord sur l’agriculture concerne particulièrement Fribourg en tant que gros producteur de fromage et de produits laitiers transformés. Sachant que 80% des exportations suisse de fromage ont pour destination l’Union européenne, l’abbrogation de cet Accord serait une catastrophe. L’Accord sur la recherche est aussi important pour les hautes écoles fribourgeoises. Il permet notamment la mobilité des étudiant‑e‑s et la participation aux programmes-cadre de recherche de l’UE. Pour la seule HES-SO//FR, jusqu’à 2 millions de francs par année proviennent de projets de recherche de l’Union européenne. Les autres Accords concernent l’accès au marché européen, avec lequel 60% des échanges commerciaux de marchandises se font.
Finalement, dans le contexte d’instabilité économique liée à la crise du Covid-19, il serait particulièrement risqué de se lancer dans une négociation dont l’issue, plus qu’incertaine, pourrait s’avérer catastrophique pour la Suisse et le canton de Fribourg. Le Conseil d’Etat ne veut pas s’aventurer dans une expérience menant à une instabilité accrue, tant économique que politique.