Le canton de Fribourg s’engage depuis longtemps pour une agriculture à la fois productive et durable. Il a notamment déjà développé un plan climat et un plan d’action visant à réduire les risques liés aux produits phytosanitaires. Il soutient également la recherche dans ce domaine en développant le campus Grangeneuve et Agroscope. En outre, la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts (DIAF) est actuellement en train de développer une stratégie en faveur de la protection et du développement de la biodiversité, celle-ci sera mise en consultation publique avant l’été.
La DIAF estime qu’une production locale de qualité permet de limiter les importations alimentaires et donc de limiter les atteintes à l’environnement de ces dernières, tout en garantissant un meilleur contrôle des conditions de production. La réduction des surfaces cultivables entraine une augmentation des importations d’aliments, ce qui a pour conséquence de fragiliser la sécurité d’approvisionnement à moyen et long terme.
Elle estime que le paquet de mesures adopté par le Conseil fédéral le 13 avril ne constitue pas un équilibre optimal et pourrait contribuer à augmenter la dépendant de la Suisse à l’égard du marché international, qui connaît et connaîtra dans les mois et les années à venir d’importantes perturbations.
Le Conseil d’Etat avait ainsi rejeté l’exigence d’au minimum 3,5% des terres assolées d’une exploitation dédiée à l’utilisation de surface de promotion de la biodiversité en faveur de la production végétale lors de la consultation menée en été 2021. Au vu de la situation politique actuelle, il est incompréhensible de maintenir ces mesures. Pour le canton de Fribourg, cette exigence signifie qu’en supplément des 417 ha actuels, 760 ha doivent être attribués à la biodiversité sur un total de 33'500 ha de terres assolées.
L’objectif de réduire d’au minimum 20% les pertes d’éléments fertilisants d’ici 2030 est extrêmement ambitieux. De plus, la suppression de la marge de tolérance dans le bilan phosphore et azote pose problème pour de nombreuses exploitations. Le canton de Fribourg a pris position en vain pour que la marge soit maintenue à +10%. Cette tolérance est nécessaire en raison des fluctuations naturelles des rendements et compte tenu du changement climatique. Les agriculteurs sont désormais tenus d’agir immédiatement en cas de surplus au bilan de fumure afin d’éviter une réduction des paiements directs. Il y a également un risque de baisse de production liée à cette mesure.
Les mesures adoptées par le Conseil fédéral seront difficiles à mettre en œuvre. Le canton de Fribourg regrette cette nouvelle augmentation de la charge administrative, alors qu’il s’est engagé et continue à s’engager en faveur d’une réduction de ces charges. La mise en œuvre nécessitera l’adaptation immédiate de l’instrument d’exécution GELAN. La DIAF et ses services apporteront tout leur soutien aux agriculteurs et agricultrices dans l’application pragmatique des mesures fédérales
Le canton de Fribourg soutient l’objectif de réduction des risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires. Avec le plan d’action cantonal pour la protection des végétaux, il dispose d’un outil pratique pour lequel 8,6 millions sont attribués de 2022 à 2025. Des mesures visant à promouvoir une agriculture résiliente seront également mises en œuvre dans le cadre du plan climat cantonal. Ces dernières permettent également de réduire les produits phytosanitaires dans l’environnement, par exemple grâce à la promotion ciblée des variétés de fruits résistantes.
La DIAF estime donc essentiel de rappeler la position du canton de Fribourg dans ce dossier : produire mieux, dans le respect de l’environnement, oui – produire moins, non !