Le rapport, adopté par le Conseil d'Etat dans sa séance du 5 mars, fait le point sur l'état actuel de l'aménagement du territoire dans toutes ses dimensions, au niveau cantonal, régional et local, comme l'exige la législation nationale en matière d'aménagement du territoire. Le rapport a été présenté jeudi lors d'une conférence de presse par le conseiller d'Etat Jean-François Steiert, directeur du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l'environnement, et Giancarla Papi, cheffe du Service des constructions et de l'aménagement (SeCA). Les deux ont constaté que le canton de Fribourg est en bonne voie par rapport aux objectifs fixés par le législateur, mais que la mise en œuvre systématique du Plan directeur cantonal reste essentielle pour ne pas perdre le cap.
Un grand pouvoir d'attraction
Le rapport montre entre autres que le canton de Fribourg a un grand pouvoir d'attraction en tant que lieu de résidence et de travail. Au cours de la dernière décennie, il a été le canton qui a connu la plus grande croissance démographique au niveau suisse (16,8% contre une moyenne nationale de 10,1%). La croissance de la population fribourgeoise est principalement due à des mouvements intercantonaux. La croissance a donc surtout été le fait d'arrivées en provenance d'autres cantons.
Alors que l'augmentation de la population entre 1990 et 2000 a surtout eu lieu en dehors des centres établis, le rapport montre une autre image pour les années 2011 et 2021 : L’agglomération de Bulle et les centres régionaux, a l’exception de ceux de la Singine et du Lac, affichent une croissance supérieure à la croissance globale du canton. Cela ne suffit néanmoins pas encore à leur donner davantage de poids. Le poids démographique des différents secteurs de priorités d'urbanisation définies dans le plan directeur cantonal n'a en effet guère évolué entre 2011 et 2021, comme le montre le rapport. Les dix dernières années n'ont donc pas encore suffisamment contribué à une concentration de l'urbanisation telle qu'elle est exigée par la loi fédérale. Cela reste donc un des principaux défis à relever.
Réserves dans des zones à bâtir légalisées et sûres
Le rapport sur l'aménagement du territoire montre en outre que le canton a procédé ces dernières années à l'examen nécessaire du dimensionnement de ses zones à bâtir. Seules deux communes (Chénens et Meyriez) ont encore une zone à bâtir surdimensionnée. Et alors qu'en 1989, le canton était avant-dernier du classement des cantons concernant le surdimensionnement de sa zone à bâtir (juste devant le canton du Valais), il a depuis dépassé sept cantons (Uri, Argovie, Schaffhouse, Glaris, Grisons, Thurgovie et Jura) et occupe désormais la 18e place, ce qui est satisfaisant si l’on tient compte des situations très variées notamment entre cantons plus urbains et plus ruraux.
Grâce à ces travaux, le canton dispose aujourd'hui de zones à bâtir légalisées et donc sûres pour le développement de projets de construction. Ces zones à bâtir présentent sur l’ensemble du canton des réserves non construites qui permettent d'absorber le développement attendu à moyen terme. Par contre, leur utilisation doit encore être optimisée. Cela est possible, car le potentiel de densification est très important dans tous les types de zones à bâtir.
Les projets de densification correspondants doivent donc se poursuivre. Ils devront donner davantage d’importance à la qualité des espaces publics et construits, aux aspects de mobilité durable, de biodiversité, de prise en compte du patrimoine et des aspects environnementaux (air, bruit, ilot de chaleur, ruissellement des eaux). De tels projets de qualité prennent vie actuellement non seulement dans les agglomérations, mais aussi dans les centres régionaux, notamment dans les secteurs de gare, favorisant ainsi la coordination entre urbanisation et mobilité. Ils apportent ainsi une contribution importante à la qualité de vie et au développement durable du canton.
Dans l'ensemble, le Conseil d’Etat a constaté que le rapport montre que la stratégie que sous-tend le plan directeur cantonal reste pertinent et doit continuer à être mise en œuvre de manière conséquente afin que les objectifs de la politique d'aménagement du territoire suisse puissent être atteints dans le canton de Fribourg. L'actualisation en cours du plan directeur cantonal, sur laquelle le Conseil d'Etat a rendu compte au Grand Conseil en septembre dernier, s'inscrit dans ce contexte. En plus, il s'agira, dans les prochaines années, de mettre en œuvre la deuxième étape de la révision de la loi fédérale sur l'aménagement du territoire, qui introduit des nouvelles dispositions contraignantes relatives aux constructions hors de la zone à bâtir, en accord avec la stratégie toujours en vigueur.