A la mi-avril, le Procureur général et le Conseil d’Etat ont conjointement arrêté leur politique de lutte contre la criminalité pour la période 2024-2027. Elle est le résultat d’un long travail de maturation, qui a étroitement impliqué, outre les procureur-e-s du Ministère public, la Direction de la sécurité, de la justice et du sport et la Police cantonale, ainsi que le Tribunal pénal des mineurs.
Les constats du terrain effectués par ces différentes entités ont largement influencé la fixation des priorités retenues. Et, plus que dans les précédents exercices, cette politique de lutte contre la criminalité 2024-2027 met également en évidence les moyens financiers, techniques et humains dont il est nécessaire de se doter pour atteindre les objectifs, et qui seront octroyés dans le cadre du processus budgétaire ordinaire et en fonction des possibilités financières de l’Etat. Cette articulation correspond à la volonté du législateur d’engager conjointement le Pouvoir judiciaire dans la définition des priorités et le Pouvoir exécutif dans les moyens à y consacrer.
Plus de moyens pour la justice des mineurs
La hausse régulière des cas de violences domestiques ou encore la forte augmentation des actes de violence chez les mineurs justifient pleinement de prioriser la lutte contre la violence, avec des accents mis sur la capacité de détection du risque de récidive, sur la prévention auprès des mineurs, ainsi que sur l’amélioration de la prise en charge des victimes et de l’encadrement des auteurs. Dans ce cadre, le Conseil d’Etat a d’ores et déjà approuvé la création immédiate de 2,8 EPT (équivalents plein temps) au Tribunal pénal des mineurs.
Au vu de l’augmentation constante du phénomène, qui touche l’ensemble de la société (personnes physiques, entreprises, collectivités publiques…), la priorisation de la lutte contre la cybercriminalité se justifie pleinement. Au cours des dernières années, la création d’un commissariat cyber dédié au sein de la Police de la sûreté a constitué une avancée déterminante dans ce domaine. Il convient désormais d’intensifier le travail de prévention, de sensibilisation et d’information, en partenariat avec toutes les parties prenantes, et d’assurer l’acquisition rapide des moyens informatiques nécessaires à poursuivre une lutte efficace contre des techniques criminelles fortement évolutives.
L’apparition de nouveaux produits stupéfiants sur le marché fribourgeois justifie pleinement le maintien de la priorité accordée à la lutte contre le trafic de stupéfiants, avec le double volet de la lutte contre les réseaux organisés et de la prise en charge en partenariat des toxicomanes. Il s’agit là de poursuivre un travail de longue date sur le terrain, qui permet d’éviter aux Fribourgeoises et aux Fribourgeois d’être confrontés à des scènes ouvertes ou à du trafic de rue tous azimuts.
Tâche conjointe de la Confédération et des cantons, la lutte contre la criminalité organisée et financière requiert un effort particulier, d’autant que la charge de travail sera alourdie avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale sur les faillites abusives. D’où l’objectif de renforcer la dotation des cellules économiques du Ministère public.
Travailler en task-forces
Enfin, la priorisation de la lutte contre les incivilités et l’insécurité (harcèlement de rue, vols, dommages à la propriété, etc.) se justifie par la grande volatilité des phénomènes criminels, qui peuvent atteindre des pics d’intensité tels qu’une action spécifique est indispensable. Déjà éprouvée depuis plus d’une année, la constitution au sein de la Police cantonale et du Ministère public de task-forces dédiées et ponctuelles est une réponse adéquate et efficace à ces phénomènes.
Enfin, tant le Procureur général que le Conseil d’Etat relèvent que ces priorités de la politique de lutte contre la criminalité viennent s’ajouter au socle de base intangible des activités des autorités de poursuite pénale et ne réduit en rien ni le volume général des affaires ni la volonté du Ministère public et de la Police cantonale de les traiter avec toute la détermination requise.