Le canton de Fribourg veut mettre en œuvre un concept de gestion des menaces, qui vise à détecter et prévenir la commission d'infractions par des personnes " à risques " dont le comportement ou les propos laissent supposer une propension marquée à la violence dirigée contre des tiers et susceptibles de passer à l'acte. Cette volonté constitue l'innovation majeure de la politique de lutte contre la criminalité pour la période 2018-2021, arrêtée conjointement par le Procureur général et le Conseil d'Etat. La Direction de la sécurité et de la justice élabore actuellement un projet de modification de la loi sur la Police cantonale afin d'introduire les bases légales nécessaires. Le projet sera mis en consultation cet automne.
L'élaboration de cette troisième mouture de la politique de lutte contre la criminalité, après les exercices 2012-2014 et 2015-2017, s'est appuyée sur une analyse détaillée de chaque priorité existante par des groupes de travail composés de procureurs et de représentants de la Police cantonale. Ce processus a permis de fonder sur l'évolution constatée sur le terrain les propositions d'abandon, de renforcement ou de réorientation des priorités poursuivies ces dernières années.
Mineurs au cœur de la lutte contre la violence
En matière de lutte contre la violence, l'Etat intensifiera le travail de prévention auprès des mineur-e-s, tant au regard des dérives constatées dans l'utilisation des réseaux sociaux (harcèlement, menaces, etc.) qu'à celui de la recrudescence constatée des actes de violence chez les jeunes. La préservation de l'intégrité physique et psychique et des enfants et des jeunes sera également au cœur du traitement des cas de violence domestique : les cas seront systématiquement annoncés à l'Autorité de protection de l'enfant et de l'adulte (justices de paix).
La lutte contre la cybercriminalité sera renforcée, notamment par un accroissement des patrouilles dans l'espace virtuel, mais aussi en assurant les besoins en moyens techniques et en formation, dans le cadre de l'effort consenti par le Conseil d'Etat dans le domaine informatique.
Lutte accrue contre le travail au noir
En outre, le Procureur général et le Conseil d'Etat répondent aux problèmes maintes fois soulevés par les milieux économiques en renforçant encore la lutte contre le travail au noir. Les opérations ciblées menées sous la direction du Ministère public en collaboration avec les services concernés seront multipliées, tandis que les compétences judiciaires des inspecteurs du Service public de l'emploi seront renforcées.
Enfin, la lutte contre le trafic de stupéfiants, avec notamment une activité policière soutenue en matière de trafic de rue, la lutte contre la criminalité organisée, qui cible les infractions commises par les milieux de type mafieux, et la lutte contre les incivilités demeurent des objectifs inchangés par rapport aux années passées.
Les priorités définies dans le cadre de la politique de lutte contre la criminalité ne prétéritent bien sûr nullement les activités régulières du Ministère public et de la police, ni ne modèrent leur détermination dans des affaires importantes telles qu'homicides, infractions contre l'intégrité sexuelle, infractions économiques, protection des enfants ou encore pornographie.