Le Conseil d'Etat a pris acte du rapport annuel de la Commission consultative dans le domaine de la prostitution, portant sur la période du 1er juillet 2015 au 31 décembre 2016. Après s'être particulièrement concentrée, en 2014 et 2015, sur l'exercice de la prostitution à la rue de la Grand-Fontaine, à Fribourg, et sur la cohabitation avec les résidents, la commission a consenti, durant la période sous rapport, un effort particulier en matière d'information, avec la mise en ligne d'une foire aux questions (http://www.fr.ch/dsj/fr/pub/prostitution.htm). Publiée en cinq langues (français, allemand, anglais, espagnol et roumain), elle renseigne autant les personnes exerçant la prostitution que les clients, les tenanciers d'établissement ou encore les communes, sur les aspects légaux, sanitaires, sociaux et sécuritaires.
Le rapport de la commission renseigne également sur l'activité déployée en lien avec la prostitution par les différents acteurs étatiques et associatifs qui la composent : Service public de l'emploi, Service de la population et des migrants, Service du médecin cantonal, Police cantonale, Ministère public, Préfectures, associations Solidarité Femmes Fribourg le programme Grisélidis de Fri-Santé.
Du point de vue sécuritaire, 160 travailleuses du sexe ont été recensées par la Police cantonale durant la période couverte par le rapport. La Police a en outre contrôlé les salons mensuellement, procédé à 830 contrôles de travailleuses du sexe et établi 110 contacts avec des travailleuses du sexe recrutant sur internet. Deux procédures pénales ont été menées par le Ministère public pour des infractions d'exploitation sexuelle et d'encouragement à la prostitution.
Fermeture confirmée à Flamatt
Sous l'angle administratif, la Direction de la sécurité et de la justice relève la très bonne collaboration entre les différentes autorités impliquées, que ce soit le Service de la police du commerce, les préfectures ou les communes. Globalement, la situation des locaux de prostitution est restée stable dans le canton, avec 25 salons et locaux dédiés à la prostitution.
Parmi ceux-ci, un cabaret de Flamatt a fait l'objet, le 15 décembre 2016, d'une fermeture immédiate par décision du Préfet de la Singine, en raison de la découverte sur les lieux de trafic et de consommation de cocaïne. Compte tenu de l'ensemble du dossier et de l'incapacité manifeste du tenancier d'exercer ses activités en conformité avec la loi, le Directeur de la sécurité et de la justice a décidé, en date du 16 janvier dernier, de retirer la patente D de discothèque ou cabaret, ainsi que l'autorisation de mise à disposition de tiers locaux affectés à l'exercice de la prostitution. Mettant un terme immédiat à l'exploitation des lieux, cette décision est en outre assortie d'un délai de trois ans durant lequel le tenancier ne pourra pas présenter de nouvelle demande d'autorisation.
Prévention et encadrement
Enfin, dernier pan - mais pas le moindre - de la politique cantonale en matière de prostitution : la prévention et l'encadrement social et sanitaire des travailleuses du sexe. Le programme Grisélidis a enregistré 844 passages dans ses locaux lors de ses permanences de l'après-midi, et 1265 passages dans le bus de prévention stationné tous les jeudis soirs à la Grand-Fontaine. Les travailleuses du sexe y trouvent conseils et appui en matière administrative, socio-sanitaire et juridique. Quelque 116 visites ont été effectuées dans les salons.
Le centre LAVI Solidarité Femmes Fribourg a pour sa part accompagné trois femmes victimes d'infractions durant l'année 2016. Le Centre fribourgeois de santé sexuelle rattaché au Service du médecin cantonal offre également une écoute et un accompagnement aux nombreuses travailleuses qui lui rendent visite.
Prostitution sur internet
En 2017, la commission mettra un accent particulier sur la prévention et la gestion des risques liés à la prostitution sur internet. Ce phénomène, en constante augmentation, constitue en effet une difficulté en matière d'annonce auprès de la Police cantonale, complique la prise de contact préventive et rend plus difficile la détection des éventuels abus ou situations d'exploitation.