Avec l’augmentation de la sensibilité aux problématiques climatiques et les incertitudes énergétiques liées à la guerre en Ukraine, la demande de bois-énergie a connu une forte croissance depuis 2020 et les projets de chauffages à bois se sont multipliés. Quel est le potentiel de bois-énergie restant ? Afin de gérer au mieux la demande future de cette énergie renouvelable et indigène, la Direction des institutions, de l’agriculture et des forêts, par le Service des forêts et de la nature (SFN), publie une estimation du potentiel en bois-énergie sur le territoire cantonal.
Pour cette deuxième évaluation réalisée quatre ans après la première, le SFN a mandaté l’association faîtière Energie-bois Suisse (EbS) et un bureau d’études privé pour procéder à l’analyse de la consommation et de la capacité exploitable de bois-énergie sur le territoire cantonal, ainsi que de leur évolution à court et moyen terme.
Retrouvez tous les résultats détaillés de l’étude en cliquant ici.
Il ressort de l’étude que le bois de forêt local représente actuellement près de la moitié du bois utilisé pour le chauffage. Les résidus de bois provenant des scieries et menuiseries, dont une partie est transformée en pellets, en représente le tiers. Le solde provient du bois d’entretien du paysage et du bois usagé et recyclé. L’étude ne tient en revanche pas compte des échanges de bois-énergie entre cantons.
Même si le potentiel résiduel disponible selon l’étude a été calculé de manière très prudente, l’étude montre qu’en l’état actuel de son exploitation, et pour autant que tous les chauffages au bois planifiés actuellement voient effectivement le jour, la forêt fribourgeoise ne pourra plus à elle seule et à moyenne échéance couvrir tous les besoins en bois-énergie.
Coordonner la planification des installations en assurant une exploitation durable
Les résultats de l’étude obligent à une réflexion pour assurer l’approvisionnement en bois-énergie pour les nouveaux projets d’importance. Il est donc essentiel d’inclure la problématique de la fourniture de la matière première dès la phase de réflexion de tout nouveau projet de chauffage au bois d’importance, par un contact préalable avec les unités de gestion forestières, responsables de l’exploitation forestière dans les régions, et les entreprises privées.
Il est à relever toutefois que l’aménagement d’un chauffage au bois à distance (CAD) est un long et compliqué processus qui n’aboutit pas toujours. Certains projets actuellement à l’étude auraient une incidence importante, voire systémique sur la consommation globale cantonale en bois-énergie. Un potentiel énergétique bois existe encore à ce jour et il est primordial d’encourager l’utilisation de cette énergie au bilan CO2 neutre apportant une valeur ajoutée locale. Dans ce sens, il est nécessaire de poursuivre la promotion de l’utilisation du bois jusqu’à l’atteinte de la valorisation de tout son potentiel, ceci tout en maintenant une exploitation durable et raisonnée de nos forêts. Le bois-énergie ne règlera pas à lui seul nos besoins en énergie mais peut y contribuer dans l’effort global d’atteinte à la neutralité carbone en 2050.