Selon l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), une personne sur sept en Suisse est exposée à un bruit de circulation nuisible ou incommodant à son domicile pendant la journée, et une sur huit pendant la période nocturne. Le bruit nuit à la qualité de vie et peut rendre malade : en plus du stress, de la fatigue et de la nervosité, l'hypertension et les maladies cardio-vasculaires peuvent en être la conséquence. En outre, le bruit impacte l’état psychique de la population et diminue l'attractivité de régions entières. Il génère ainsi un coût très important pour notre système de santé, avec un effet direct sur le niveau des primes de l’assurance-maladie obligatoire, ainsi qu’une baisse significative des valeurs du marché immobilier.
Jusqu'à présent, le canton de Fribourg a fortement misé sur des revêtements phonoabsorbants pour assainir le bruit. De tels revêtements réduisent considérablement l'exposition des riverains au bruit routier. Dans le canton de Fribourg, quelque 25'000 personnes en profitent déjà le long de 151 kilomètres de routes cantonales. Comme l'a montré une récente enquête, le canton de Fribourg est ainsi en tête du classement suisse. Ces mesures physiques sur le revêtement de la route ne permettent toutefois pas à elles seules d’atteindre les objectifs de protection contre le bruit fixés par le législateur fédéral.
La vitesse de 30 km/h réduit le bruit à la source
C’est la raison pour laquelle, outre les revêtements routiers peu bruyants, l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) recommande également de réduire la vitesse maximale comme mesure simple pour rendre le trafic routier moins bruyant. Selon l'OFEV, une vitesse de 30 km/h peut réduire les émissions sonores d'environ trois décibels par rapport à une vitesse de 50 km/h. Cela correspond à peu près à une réduction de moitié du volume du trafic. De son côté, le Tribunal fédéral a soutenu dans plusieurs jugements la nécessité voire l’obligation d’introduire la limitation
Aux médias accrédités auprès de la Chancellerie d’Etat
de vitesse à 30 km/h pour la protection contre le bruit, en soulignant la responsabilité des autorités de limiter le bruit à la source.
L‘efficacité d'une réduction de la vitesse a maintenant été confirmée aussi sur les routes déjà pourvues d’un revêtement phonoabsorbant par les tests approfondis effectués l'année dernière sur un tronçon de route à Frasses, dans la commune de Les Montets, dans le district de la Broye. Concrètement, le rapport final des mesures scientifiques effectuées par les spécialistes de la société EcoAcoustique SA montre que, si certaines conditions sont respectées (pente de la chaussée pas trop accentuée, taux de poids lourds et de véhicules agricoles pas trop élevé, etc) l'abaissement de la vitesse de 50 à 30 km/h entraîne une réduction moyenne de 3 décibels sur un revêtement traditionnel et de 2 décibels sur un revêtement phonoabsorbant.
La vitesse de 30 km/h désormais la première mesure
Sur la base de ces conclusions, le Service des ponts et chaussées à la Direction du développement territorial, des infrastructures, de la mobilité et de l'environnement (DIME) adapte sa stratégie en matière d'assainissement phonique des routes cantonales, pour atteindre plus rapidement les obligations légales de la protection contre le bruit sur l’ensemble du réseau routier cantonal tout en assurant la meilleure économicité des mesures : à l'avenir, pour les tronçons qui doivent être assainis pour répondre au droit de la population concernée à la protection contre le bruit, il examinera systématiquement comme première mesure rapide l'introduction d'une vitesse de 30 km/h sur le tronçon routier existant.
Là où les expertises montreront que cette mesure n'est pas possible, pas opportune ou insuffisante, un revêtement phonoabsorbant sera posé – ce qui implique aussi une poursuite des travaux de pionnier du canton de Fribourg sur la qualité et la durabilité des revêtements phonoabsorbants. Si nécessaire et possible, les deux mesures seront combinées. Conformément à la jurisprudence fédérale récente, ce n'est que si ces mesures à la source n'aboutissent pas ou ne sont pas possible que des parois antibruit entrent en ligne de compte et, en dernier recours, ce que l'on appelle un « allègement de l'assainissement », c'est-à-dire une autorisation exceptionnelle qui permet de dépasser les valeurs limites d'immission dans des cas particuliers.